Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Chansons de gestes
03/04/2012

La multidisciplinarité du LAMH est un de ses atouts cardinaux. Vincent Denoël souligne cette plus-value en évoquant une difficulté qu'il considère comme un « beau problème pour un ingénieur ». Lors des enregistrements 3D, les marqueurs infrarouges sont posés sur la peau. Or les déplacements de celle-ci ne sont pas le parfait décalque des mouvements animant les segments osseux qu'elle recouvre. Par exemple, on observe un important glissement de la peau sur l'omoplate et un glissement beaucoup moindre sur le genou. « Pour résoudre ce type de problème, il faut faire preuve d'innovation technologique au niveau des marqueurs et de leur positionnement, mais aussi développer des algorithmes de recalage, dit Vincent Denoël. Pour l'heure, il n'en existe aucun qui assure une correction parfaite. »

 

Des voies novatrices

Dans son analyse du mouvement sportif, le LAMH ne vise pas exclusivement l'optimisation de la performance. Non, il est tout aussi attentif à la prévention des lésions, pour laquelle il associe éventuellement ses techniques à d'autres approches, telle l'isocinétisme (lire l'article Football et isocinétisme, une équipe gagnante). En filigrane se dessine la question des conditions limites. Car, d'un point de vue biomécanique, il peut parfois y avoir antinomie entre performance et respect du corps. « En cas de conflit, la prévention lésionnelle doit toujours primer, d'autant qu'un athlète blessé voit son rendement s'amoindrir », insiste le professeur Croisier.

Le sport est au cœur de l'activité du LAMH. Toutefois - et nous en revenons à la transversalité du projet -, il n'en est pas l'unique moteur. En voici une illustration éloquente. Une collaboration s'est nouée entre le laboratoire et le service de neurologie (professeur Gaëtan Garraux) du CHU de Liège dans le contexte de la maladie de Parkinson. Deux questions parmi d'autres sont à l'ordre du jour. Primo, peut-on définir un ou plusieurs patterns de marche caractéristiques de la maladie ? Secundo, est-il possible d'évaluer l'efficacité de certains traitements via des mesures de biomécanique ?

De même, l'analyse du mouvement au moyen des techniques optoélectroniques (3D) pourrait avoir un rôle à jouer en orthopédie par le biais d'une contribution à la conception et à la modélisation de prothèses. Mais ce n'est pas tout. Étirant le spectre plus largement encore, le LAMH s'apprête à étudier dès 2012 les interactions d'une personne ou d'un groupe de personnes avec des structures de génie civil, telles les passerelles. « Les effets de l'homme qui marche ou court sur une structure ou l'excite par vandalisme sont mal connus, souligne Vincent Denoël. L'entrée en résonance du mouvement intrinsèque de la structure et du mouvement des piétons peut avoir des conséquences fâcheuses, voire dramatiques. Songeons au Millenium Bridge, à Londres, qui, oscillant latéralement de façon imprévue, dut être fermé de 2000 à 2002. » Le LAHM accueillera incessamment une petite passerelle expérimentale. Un pont entre deux rives : la biomécanique et le génie civil.

Page : précédente 1 2 3 4 5

 


© 2007 ULi�ge