Une typologie des stromatopores en fonction de leur environnement a ainsi pu être déterminée:
•    Dans la zone lagunaire, zone peu profonde et proche du continent où il y a peu de courant et peu de vagues, on trouve ainsi des stromatopores à morphologie branchue ou globulaire;
•    Au niveau du récif, situé entre le lagon et la zone profonde où la concentration en stromatopores est la plus importante, les formes sont lamellaires ou globulaires;
•    Dans la zone profonde, les stromatopores présentent une morphologie soit lamellaire, soit branchue et se font plutôt rares : lorsqu'on s'éloigne du continent, les apports de particules fines augmentent. Le stromatopore, qui n'aime pas les argiles, s'y fait donc discret. Par contre, au sein des mudmounds, les stromatopores sont en nombre. Leur distribution au sein de ces monticules carbonatés répond à la même logique générale appliquée à un système isolé.

"Quel que soit l'environnement, profond ou peu profond, il semble par ailleurs que ce soit plutôt l'agitation et la force des vagues, ainsi que les apports détritiques qui contrôlent la morphologie des stromatopores, précise Anne-Christine Da Silva. Et d'ajouter : les récifs étant des structures qui interagissent étroitement avec leur environnement, les variations qu'ils subissent sont enregistrées par les organismes qui le composent. Comme la morphologie externe des stromatoporoïdes varie avec leur environnement, ceux-ci peuvent donc servir d’indicateur dans une approche globale de l’évolution et du fonctionnement du milieu récifal."

Une référence supplémentaire

Par ailleurs, en proposant des associations inédites entre environnement et stromatopore, les travaux d'Anne-Christine Da Silva insufflent une autre dimension encore aux stromatopores lesquels, désormais, peuvent être utilisés comme des marqueurs environnementaux. De tels résultats apportent, sans l'ombre d'un doute, un bagage de connaissances précieux pour les géologues du monde entier. On trouve en effet des plate-formes carbonatées frasniennes similaires à la nôtre au Canada, en Chine, en Espagne ou encore en Pologne. Les conclusions d'Anne-Christine Da Silva permettront donc à toute une série d'homologues étrangers d'identifier plus rapidement le type d'environnement auquel ils ont affaire. D'ailleurs, il n'a pas fallu attendre longtemps avant que la chercheuse ne soit contactée par des confrères intéressés par ses articles. "Des chercheurs du Canada qui travaillent en collaboration avec des pétroliers m'ont contactée récemment. Le Frasnien au Canada est une réserve de pétrole importante, d'où l'intérêt pour eux d'identifier le plus facilement possible les environnements correspondant à cette époque." Une première sollicitation - la première d'une longue liste certainement - qui tombe comme une reconnaissance supplémentaire.