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L’orientation sexuelle sous toutes ses coutures
13/04/2016

Aucune preuve formelle mais de nombreux arguments

Enfin, un dernier facteur connu à ce stade contribue à l’explication de l’homosexualité masculine : le nombre de frères plus âgés nés de la même mère. « Plus une femme a d’enfants de sexe masculin, plus grande est la probabilité que les garçons qui naissent ensuite soient homosexuels », précise Jacques Balthazart. « Cette probabilité augmente de 33% par garçon né de la même mère. Ce sont des chercheurs canadiens qui ont mis ça en évidence. Ici aussi on a d’abord suggéré que c’était une question d’environnement familial mais les données accumulées à partir de 25.000 hommes homosexuels permettent d’écarter cet argument ». L’hypothèse la plus probable qui permettrait d’expliquer cet effet des frères plus âgés est que la mère développe des anticorps contre une protéine produite par les foetus mâles. Ces anticorps modifieraient le développement et donc la structure du cerveau de ces bébés. « Et l’effet de ces anticorps augmenterait au fur et à mesure des grossesses successives d’embryons masculins », poursuit le chercheur.

En conclusion, des tas d’études montrent une influence hormonale, génétique et épigénétique sur l’orientation sexuelle. Aucune n’explique à elle seule à 100% l’homosexualité et elles sont chacunes séparément démontables. « Mais lorsqu’on regarde l’ensemble de ces études, elles constituent un faisceau d’arguments qui suggère que la biologie a une grosse influence sur l’orientation sexuelle et donc l’homosexualité », affirme Jacques Balthazart. « On imagine très mal que, d’un point évolutif, l’orientation sexuelle qui est cruciale pour la survie de l’espèce, puisse passer d’un contrôle biologique chez l’animal à un contrôle strictement éducationnel chez l’homme », continue le spécialiste. « De plus, l’homosexualité est présente dans toutes les sociétés humaines avec grosso modo la même fréquence.
Les société plus tolérantes envers l’homosexualité ne comptent pas plus de personnes homosexuelles ».  

Face aux arguments suggérant l’influence de la biologie sur l’orientation sexuelle, il y a deux grands types de réactions comme a pu le constater Jacques Balthazart. « Pour certaines personnes, c’est un soulagement de pouvoir expliquer leur orientation d’un point de vue biologique. Cela permet de déculpabiliser les parents ou l’individu concerné par rapport à la situation. Souvent l’homosexualité est mieux acceptée lorsqu’on découvre que la biologie tient un rôle majeur dans cette orientation sexuelle », explique le scientifique. D’autres personnes pourtant ne veulent pas entendre parler d’explications biologiques. « Soit parce qu’elles préfèrent assumer l’idée que c’est un choix délibéré, soit parce que cela leur pose un problème que les choses soient abordées sous un aspect médical ». La question de l’origine de l’homosexualité est complexe et sensible. Les avancées scientifiques permettent d’apporter certaines réponses mais n’ont pas encore apporté de preuve formelle. Et si cette preuve arrive un jour, mettra-t-elle fin aux multiples débats autour de l’homosexualité ? Rien n’est moins sûr…

FIG1 Orientation sexuelle

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