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La fausse extinction des ichtyosaures
02/02/2012

Une généalogie fournie

Durant son mémoire de fin d’étude, il découvre dans le sud de la France un rostre complet datant du Valanginien (Crétacé inférieur), soit quelques millions d’années après l’extinction supposée datée du Jurassique supérieur. En fouillant dans la littérature existante, il trouve la trace de quelques espèces ayant elles aussi dépassé la fameuse limite. Il décide alors d’examiner les spécimens du Crétacé de toute l’Europe de l’ouest afin de déterminer combien d’espèces existaient toujours durant cette période.

« Jusqu’à présent, on pensait que les ichthyosaures du Crétacé constituaient un groupe restreint. Des formes moins spécialisées qui auraient vivoté jusqu’à leur disparition définitive, au cours du Cénomanien (Crétacé supérieur) », raconte Valentin Fischer. Son travail révèlera des résultats bien différents.

Avec l’aide de chercheurs anglais, écossais, russes, et allemands, il exhume certains fossiles enfouis dans des collections de musées depuis de nombreuses années. De nouvelles espèces d’ichtyosaures sont découvertes durant la recherche. Notamment une retrouvée en Allemagne et en Angleterre, baptisée Acamptonectes densus, ce qui signifie « nageur rigide et compact. » Un nom qui indique que le crâne et la colonne vertébrale de cet ichtyosaure étaient solidement soudés, ce qui lui permettait de nager presque uniquement grâce à sa nageoire caudale et à sa queue.

Ichtyosaure recherchePartant de ces (re)découvertes, il s’applique ensuite à réaliser des analyses phylogénétiques, des sortes d’arbres généalogiques retraçant les liens de parenté entre les différentes espèces. « La phylogénétique permet d’estimer la diversité d’un groupe et de décoder les relations entre ses espèces même lorsqu’il n’existe pas beaucoup de fossiles, explique le chercheur liégeois. En se basant sur le principe de « parcimonie », qui revient à chercher l’arbre contenant le moins de changements possibles, on obtient une hypothèse d’évolution du groupe considéré. Cette hypothèse est l’évolution la plus probable statistiquement, sans que l’on sache exactement si cela s’est vraiment produit. » Une fois les différentes « familles », genres, et espèces établies, il s’applique enfin à déterminer les taux de survie (celles qui ont passé la limite) et d’extinction.

Conclusions : le taux de survie se révèle beaucoup plus important que prévu. Beaucoup de lignées ayant leurs « racines » dans le Jurassique se prolongent ensuite dans le Crétacé. Ainsi, « l’arbre » révèle que, contrairement à ce que l’on imaginait, les « survivants » étaient très nombreux. « On ne s’y attendait pas du tout. Tout d’un coup, on est passé d’un petit groupe restreint à une multitude de cousins très éloignés. Durant le Crétacé, la diversité était encore plus grande que durant le Jurassique ! »

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