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Coma et états de conscience altérée
31/01/2012

Les états de conscience altérée s'inscrivent sur un continuum, disiez-vous. Chacun d'eux est-il lui-même voué au jeu de la sous-catégorisation ?

Nos connaissances ne cessent d'évoluer et l'on se rend compte qu'on s'oriente vers un fractionnement toujours plus élaboré des différentes catégories définies jusqu'à présent. Ce cheminement est de nature à favoriser une meilleure prise en charge des patients.

Signe de l'évolution en cours, on a mis récemment en évidence l'intérêt de subdiviser l'état de conscience minimale en deux sous-catégories. Ce que nous qualifions d'« état de conscience minimale + » a trait à des patients qui répondent à la commande, c'est-à-dire qui bougent la main, ouvrent la bouche ou ferment les yeux, par exemple, quand on leur demande. L'« état de conscience minimale - », lui, se réfère à des signes de conscience de bas niveau, des mouvements non réflexes tels que la poursuite visuelle (suivre des yeux un miroir qui se déplace dans l'espace), la localisation de stimulations douloureuses ou un sourire devant le visage d'un proche.

Sur le plan comportemental, la différence entre les deux types de patients est nette. Mais qu'en est-il sur le plan de l'activité cérébrale ? Pour le savoir, nous avons scanné, au moyen de la tomographie par émission de positons (TEP scan), des patients en « état de conscience minimale + » et d'autres en « état de conscience minimale - ». Les premiers présentent une activité métabolique plus élevée que les seconds au sein des aires du langage et des aires motrices. On sait que les patients qui répondent à la commande ont un accès au langage et, sur la base du métabolisme cérébral et des tests comportementaux, nous pensons que les patients qui n'y répondent pas n'auraient pas cet accès. La question qui se pose dans la foulée est celle-ci : le niveau de conscience est-il différent entre les deux groupes et, plus largement, la conscience en tant que telle peut-elle être graduée ? Certains chercheurs ont postulé l'existence de deux types de conscience : la conscience primaire ou sensorielle et la conscience plus étendue ou de haut niveau. Est-ce le reflet de la réalité ? Nous sommes donc dans une phase d'affinement des concepts et, partant, d'affinement du diagnostic chez les patients gravement cérébrolésés.
Illu2FR
Il ressort également de votre livre que le traitement des personnes en état de conscience altérée s'engage dans une nouvelle ère ?...

Jusque dans un passé récent, on ignorait quel traitement employer pour essayer d'augmenter le niveau de conscience de ces patients. Désormais, des pistes pharmacologiques en voie de validation semblent baliser certaines pistes. En outre, beaucoup d'espoirs sont placés dans la Deep Brain Stimulation (Stimulation électrique profonde). Dans cette technique, une électrode intracérébrale est posée au niveau du thalamus dans le but de stimuler la connexion thalamo-corticale, dont nous avions déjà démontré en 2000 l'importance pour la récupération de la conscience.

Sur le plan neuroanatomique, la conscience implique en effet l'activation de plusieurs noyaux répartis dans différentes zones du cortex associatif, ainsi que de boucles thalamocorticales, c'est-à-dire de circuits mettant en résonance le thalamus avec des régions du cortex. La conscience semble indissociable de ces boucles de rétroaction.

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