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Le pire ami de l’homme
10/01/2012

Marche arrière

L’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili demeurent les principaux pays dans lesquels de graves problèmes subsistent avec le lapin, alors que partout ailleurs les moyens déployés contre lui, conjugués à la dégradation des paysages semblent avoir raison de lui. Si on pouvait le croiser à n’importe quelle lisière de forêt au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il connaît aujourd’hui un avenir très inégal en Europe : en déclin dans l’ouest et le sud de la France, en Espagne au Portugal, en Suisse ou encore en Grande-Bretagne, il reste un fléau dans d’autres zones de culture. « Sur les 30 dernières années, ses populations auraient diminué de près de 70%, voire 90 % à certains endroits, commente Catherine Mougenot. En France et en Espagne, des recherches sont financées afin de trouver une solution à la réimplantation de l’espèce. » Car en se raréfiant, le lapin accentue la menace qui pèse sur certains prédateurs qui en faisaient autrefois leur festin et qui sont aujourd’hui fortement menacées. Effet inverse de son extermination, la raréfaction du lapin l’élève dans certaines régions au rang de patrimoine.

Pour certains naturalistes, le lapin de garenne devrait en effet être protégé. Dans un monde en constante évolution, les cultures intensives, les concentrations d’exploitations agricoles et l’arasement des haies auront bientôt raison de lui… à l’état sauvage, bien entendu, car dans les cages industrielles, celui qui finit dans nos assiettes continue à être démultiplié et surgelé dans des conditions pour le moins discutables !

Lapin1

Un lapin dans un chapeau

Alors que les auteures pensaient avoir fait le tour de la question, quelle ne fut pas leur surprise de découvrir sur Internet d’autres histoires de Jeannot toujours plus surprenantes. « Parce que l’on retrouve toujours le lapin là où on ne l’attendait pas, sourit Lucienne Strivay ». Comme dans cette garenne involontaire longue de 155km entre les deux pans du double mur de Berlin, ou le projet de présentation au festival d’art d’Avignon en 2000, d’un lapin fluo, génétiquement modifié par des éléments extraits de méduses pour devenir fluorescent une fois placé sous une lampe à UV. La Lapine Alba, tel était son nom, morte deux ans plus tard pour des raisons obscures a suscité l’émotion auprès de la population. Une fois encore, le lapin se trouve pris dans l’aberration de pôles contradictoires, manipulé génétiquement au nom de l’art, il suscite l’émoi alors que son utilisation courante dans les laboratoires s’est banalisée.

« Le lapin se trouve toujours dans des situations paradoxales, conclut Lucienne Strivay. Domestiqué et toujours sauvage, casanier alors qu’il court partout dans le monde. Il est aussi bien animal de compagnie qu’animal d’expérimentation. On l’exploite pour sa viande, mais aussi pour sa fourrure, et c’est en plus un animal thérapeute. Le lapin connaît des modes d’existence aussi multiples qu’hétérogènes ». Dans cet ouvrage, les auteures s’engagent dans une course poursuite avec des vivants, humains et non humains qui n’ont de cesse que de transformer les règles d’un jeu toujours changeant. Ce livre a été construit « avec seulement un début, mais sans milieu ni fin, avec des entrées multiples, comme un rhizome animal : c’est un terrier ».

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