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Le pire ami de l’homme
10/01/2012

Au commencement était la garenne

Lapin3Si l’on se penche sur l’éthologie d’oryctolagus cuniculus, on apprend très vite à quel point l’animal est casanier, ce qui encourage son élevage dans des espaces réservés appelés « garennes » (ou « varennes », mises en défens), un terme devenu l’origine de son nom vernaculaire.

Mais Jeannot accompagne néanmoins les colons, les missionnaires et les grands voyageurs dans leurs périples. Au Moyen-âge, l’espèce est déjà commune un peu partout dans le monde occidental, on le chasse, on le cuisine et on en récupère la fourrure. Et il peut aussi être rentable. Ainsi, en Angleterre où on a eu tant de mal à l’acclimater, le rabbitting (l’élevage et le commerce de lapins) restera florissant jusqu’au début du XVIIIe siècle.

Le lapin, qui a aussi la particularité de pouvoir se reproduire vite - et en nombre -, assure une disponibilité permanente de viande et un bon apport en protéines animales. Avec une moyenne de 25 petits par an (pour les lapins élevés au sol) et plus de 46 lapereaux (pour les élevages en cage), il compte parmi les mammifères les plus prolifiques. Mais la multitude ne rime pas forcément avec la plénitude. Au contraire. Si l’homme pensait avoir une totale emprise sur l’animal, force est de constater qu’il est capable d’occasionner de nombreux dégâts : « A l’époque romaine, on tente déjà de se débarrasser du lapin, commente Lucienne Strivay. Barrières, pièges, armes en tout genre, poisons, différentes techniques ont existé et ont, chacune à leur tour donné certains résultats ». A la fin du XVIIIe, en France comme en Angleterre, l’animal est versé dans la catégorie des animaux dits « nuisibles » : « Des mesures seront prises à son encontre, comme le Ground Act Game en Grande-Bretagne reprend Catherine Mougenot, qui autorise l’utilisation du « gin trap », un piège redoutable, utilisé à l’origine contre les ours ou même les contrebandiers... »

Dans le même temps, on assiste à l’entrée du lapin dans l’imaginaire des enfants. oryctolagus cuniculus prend place dans la famille et devient animal de compagnie. Ce qui n’empêche pas le développement de son élevage « rationnel », la cuniculture, basée sur une sélection de plus en plus poussée. D’un côté, le petit élevage familial et de l’autre l’industrialisation, Jeannot est reproduit de multiples façons. Et les manières dont on se le représente sont loin d’être les mêmes partout…

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