Alcool et cinéma
Petite précision: une majorité des films cités dans l'ouvrage relève du cinéma américain. La raison est double : d'une part, ce cinéma est depuis des décennies le plus accessible et, disons-le, le plus regardé par une grande majorité de spectateurs. D'autre part, l'alcool a participé à une certaine histoire de l'Amérique (des saloons au Far West à la Prohibition en passant par des événements comme le Spring Break) et cette dernière n'a jamais eu beaucoup de cas de conscience à représenter l'alcool au travers de son propre cinéma, contrairement à d'autres cinématographies. Les multiples facettes de l'alcoolLe livre s'ouvre sur un exemple hautement célèbre. Dans le E.T. de Steven Spielberg, un montage alterné souligne le lien mystérieux entre le jeune Elliott et l'extraterrestre au travers d'une séquence comique où, piqué par la curiosité, E.T. décide de découvrir le goût - et par extension les effets - de la bière trouvée dans le frigo. Une séquence drôle, certes, mais surtout symptomatique de la particularité de l'alcool au cinéma : plus que tout autre chose, les premières expériences de l'ivresse chez le spectateur se font au cinéma dès son plus jeune âge. Difficile d'oublier également la séquence à la fois éthylique et psychédélique de Dumbo qui a marqué plus d'une génération de spectateurs par son audace formelle. L'inverse n'est pas moins négligeable : les cinéphiles se souviendront sans doute du film de Billy Wilder The Lost Week-end et de sa séquence du delirium tremens du personnage de Ray Milland, séquence traumatisante qui sera d'ailleurs reprise à quelques nuances près par Jean-Pierre Melville dans Le cercle rouge avec Yves Montand. Parce qu'elles sont ancrées dans une certaine réalité, ces séquences oniriques jettent un trouble chez le spectateur, et non content d'offrir l'expérimentation de sensations finalement à la portée de tous, elles invoquent une mise en scène complexe. Dick Tomasovic : "L'idée n'était pas d'écrire sur les effets de la représentation de l'alcool au cinéma sur le spectateur, cela relève davantage de la sociologie. Pour ma part, je me suis intéressé à des questions purement cinématographiques (que fait l’alcool au cinéma ?). Cependant, le cinéma joue de stéréotypes qui reflètent nos rapports ambivalents à l'alcool, empreints selon les moments et les situations d’allégresse ou de pathétisme."
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