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Faut-il se méfier de la résonance magnétique cardiaque?
29/01/2016

Ensuite, pour déterminer l'effet de l'agent de contraste, les chercheurs estiment qu'il faudra prendre de vrais patients. "Il n'est plus légitime de recommencer une étude chez des sujets sains mais peut-être peut-on prendre des sujets qui vont être soumis à l'examen dans le cadre d'un dépistage, par exemple, pense Patrizio Lancellotti. Il faudrait aussi confirmer si c'est quelque chose qui existe uniquement au niveau cardiaque ou s'il se passe la même chose au niveau cérébral, ostéoarticulaire... C'est une grande question".

Plus généralement, il convient de démontrer les effets des radiations non ionisantes sur la santé. On sait déjà qu'elles peuvent provoquer des nausées, des vertiges... "Il y a des alertes sur l'usage intensif de ces radiations non ionisantes pour le grand public et les travailleurs qui y sont exposés, raconte Alain Nchimi. D'un côté, on n'a pas encore démontré le lien formel entre l'utilisation ou l'exposition aux radiations non ionisantes et des effets cliniques tels que le cancer ou autre. D'un autre côté, comme pour toute théorie, il y a son pendant qui dit que ces radiations non ionisantes sont protectrices (de l'ADN par rapport aux attaques extérieures)".

gamma-H2XA-

Des résultats sources de polémique

Cette étude qui prouve pour la première fois le lien de causalité entre une augmentation et une persistance du gamma-H2AX et la RM cardiaque, a été publiée dans une revue de l'American Hearth Association, Circulation Cardiovascular Imaging. Si certains, dont l'éditorialiste de la publication, Philip Kaufman, qualifient ces résultats de remarquables, d'autres se montrent plus critiques. Toutefois, s'il existe un problème, il faut le mettre en évidence et il faut prévenir la communauté. Par exemple, il serait inadmissible de ne pas parler des effets des radiations ionisantes sur les cellules alors qu'on les connaît. Pour diminuer leurs effets, on adapte les doses, on diminue les temps d'exposition, etc. Peut-être que pour l’ IRM cardiaque ce serait similaire, peut-être qu'il faudrait utiliser des marqueurs spécifiques de sensibilité..."

Le directeur du GIGA-cardiovasculaire reconnaît qu'il y a là une ambivalence: "On n'a pas voulu créer de polémique. Nous sommes tous confrontés à la clinique de tous les jours et on ne veut pas non plus donner un message trop fort sans savoir si il existe ou pas un risque".

"Nous n'affirmons pas qu'il y a des problèmes, insiste Alain Nchimi, nous disons que nous avons observé un certain nombre de faits troublants et que nous ne sommes pas les seuls. Avant nous, plusieurs études ont observé les mêmes, y compris en laboratoire dans des éprouvettes. Ces études-la n'ont pas eu, à part une, un grand écho auprès de la communauté médicale et il est troublant que les constructeurs n'aient pas réagi à ces résultats. Il est important de susciter une réaction des constructeurs et d'autres scientifiques qui souhaitent investiguer la question pour savoir s'il y a un effet des radiofréquences au sens large".

Actuellement, l'argument des constructeurs n'est pas de nier les études publiées, nuance encore Alain Nchimi: "Leur argument -qui se tient- est que les anomalies qu'on peut enregistrer après examen avec des radiations non ionisantes sont de l'ordre du physiologique (causées par une activité physique intense, par exemple), à savoir qui existent chez n'importe quel individu soumis au même type de radiations. Statistiquement, ça peut se tenir mais ça nécessite d'être étudié". De quoi alimenter encore de nombreux projets de recherche qui permettront de réaliser ces examens en toute sécurité...

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