Merci les gorilles !
La canopée ouverte, gage de succèsMerci les gorilles? C'est évidemment le commentaire qui vient le plus spontanément à l'esprit. Si ces primates n'étaient pas là et, surtout, s'ils ne contribuaient pas (comme d'autres espèces animales) à disperser considérablement des graines fertilisées par leurs matières fécales (fournissant éléments minéraux et humidité), celles-ci auraient moins de probabilités d'évoluer vers des plantules saines et vigoureuses et, ensuite, vers des végétaux aptes à répondre aux besoins humains. D'autant qu'une troisième observation est venue corroborer ce constat: les plantules se développement sensiblement mieux sous une canopée ouverte qu'en forêt, où la lumière pénètre moins profondément. "L'effet positif du dépôt de graines dans les habitats ouverts avait déjà été évoqué, mais c'est la première fois que le rôle de la lumière est directement démontré. Pour quantifier celui-ci, j'ai utilisé des photographies hémisphériques de la canopée (à 360°C) réalisées verticalement à partir du sol. Des logiciels m'ont permis de transformer les clichés en images contrastées noir/blanc, traduisant un certain taux d'ouverture de la canopée. Il est apparu que les sites de nidification des gorilles se caractérisent par une ouverture de 7 à 10%. En dehors de ces sites, là où la canopée est fermée, on est seulement à 2 ou 3%. La différence paraît faible, mais elle est déterminante: les plantules se développent deux à dix fois plus rapidement dans les sites ouverts. La luminosité en forêt tropicale est vraiment un facteur fondamental..." Le privilège des forêts certifiéesDe là à dire que les gorilles manifestent une préférence pour les trouées d'abattage et contribuent directement à favoriser la régénération naturelle de la forêt exploitée par l'homme, il y a un pas qu'il est trop tôt de franchir. "Sur les quatre années, j'ai réalisé trois inventaires de nids: une fois juste avant le passage des exploitants, une deuxième fois six mois après leur passage et, enfin, douze mois après celui-ci. J'espérais constater une occupation préférentielle des trouées d'abattage par les gorilles. Ceci aurait accrédité l'idée que l'exploitation, lorsqu'elle est pratiquée de manière durable, est bénéfique aux gorilles car elle crée des habitats nouveaux pour eux. Cela n'a pas été le cas, mais sans doute était-ce trop tôt: les herbacées avaient pas encore eu le temps de se régénérer suffisamment. A mon avis, c'est une question de temps..." Page : précédente 1 2 3
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