Merci les gorilles !
Pendant quatre années, au rythme de missions étalées sur plusieurs mois en brousse, la jeune chercheuse s'est attelée à chercher les nids des gorilles, à récolter leurs fèces (profitant de leur abondance sur les lieux de repos), à y prélever les graines, à les identifier et à tester leurs conditions de germination dans divers types de substrats et d'environnements. Ardu, voire quelque peu aventureux, ce type de travail est facilité par l'approche de partenariat développée par le Laboratoire de foresterie des régions tropicales et subtropicales de Gembloux, aujourd'hui intégré à l'Axe de gestion des ressources forestières de Gembloux Agro-Bio Tech: en échange d'un appui scientifique spécialisé (particulièrement pour les plans de gestion élaborés dans les cadre de certification de type "Forest Stewardship Council", FSC), les chercheurs et les doctorants de la cité universitaire bénéficient de facilités logistiques au sein de terrains d'études gigantesques et relativement préservés. En l'occurrence, c'est dans une concession forestière de 600.000 hectares, gérée par l'entreprise suisse Precious Woods, que Barbara Haurez a pu mener à bien ses travaux. Nettoyage des crottes à l'eau claireUne fois les fèces collectées (jusqu'à un kilo l'unité, transportées sur le dos...), celles-ci ont été nettoyées à l'eau de rivière au moyen de simples tamis utilisés généralement pour la cuisine locale. Objectif: récolter les graines et entamer le travail d'identification, essentiellement visuelle, grâce à l'aide d'un botaniste. "Au cours des vingt mois de récolte, j'ai comptabilisé 59 espèces végétales dispersées par le gorille. Un tiers de ces espèces présentait un intérêt économique en raison de leur utilisation comme bois d’œuvre ou produits forestiers non-ligneux (l'Omvong - Dialium pachyphyllum; l'Ossabel - Dacroydes normandii; l'Adjouba - Dacroydes klaineana; etc). Les crottes contiennent couramment plusieurs dizaines, voire centaines de graines intactes (jusqu'à 500). Mais elles renferment en moyenne deux espèces différentes. Les plus courantes étaient l'Ebo (Santiria trimera), c'est-à-dire un petit arbre (dix à vingt mètres de hauteur) de couleur grise à jaunâtre, dont le fruit est également consommé par l'homme, le Longhi (Chrysophyllum lacourtianum) et l'Omvong (Dialium pachyphyllum), une essence plus grande (jusqu'à 30 mètres) dont les gros individus sont généralement des indicateurs de forêts âgées. Le fruit du Longhi et la pulpe entourant la graine de l'Omvong sont appréciés tant par le gorille que par l'homme. J'y ai également trouvé une grande quantité d'Aframomum Sp. c'est-à-dire le gingembre sauvage. Le fruit de cette herbacée se présente sous la forme d'une coque peu rigide renfermant des graines disposées dans un tissu spongieux légèrement sucré. " La dispersion par les gorilles de ces quatre types de graines est une bonne chose pour les communautés locales. Car, en marge de cultures comme la banane ou le manioc, les villageois s'approvisionnent fréquemment dans la forêt tant pour leur alimentation que pour la médecine traditionnelle. Les gorilles participent clairement à la régénération d'espèces qui fournissent des fruits, des racines, du bois... aux populations humaines. Page : précédente 1 2 3 suivante
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