Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Le musée de société : histoire et enjeux
08/01/2016

Dans le dernier chapitre sur les enjeux contemporains du musée de société, Noémie Drouguet rappelle la dimension politique — au sens large — que comporte tout projet muséal : chaque musée est porteur, consciemment ou non, d’une certaine « vision du monde ». De nombreux musées de société se révèlent être des acteurs engagés, abordant quelquefois des sujets réputés délicats, comme le Musée d’Histoire de la Ville de Luxembourg et son exposition sur la communauté tzigane en 2006. Dans ce contexte, le musée de société peut se positionner comme un « forum public », souhaitant ouvrir le débat et à encourager la citoyenneté — quoique cette dernière notion revête également des significations multiples. Un bel exemple de cette subjectivité assumée est la Cité Miroir à Liège, qui met à l’honneur des personnalités contestataires, connues pour leur combat contre les injustices. Cependant, ce rôle politique de l’institution muséale peut aussi devenir une source de fragilité : à l’instrumentalisation de son discours s’ajoute parfois l’imposition ou le rejet de certains sujets. Ces pistes de réflexion démontrent la difficulté du positionnement du musée de société, tiraillé entre un engagement réel et le « politiquement correct ».

Un autre des enjeux contemporains du musée de société est son inscription dans l’actualité et dans la vie publique. Ce caractère vivant passe de plus en plus souvent par une approche muséale empreinte de marketing, considérant le public avant tout comme une clientèle. Actif sur les réseaux sociaux, présent dans les médias, le musée doit cependant veiller à ne pas sombrer dans une course à la visibilité et à la rentabilité — au risque d’en oublier ses missions premières. Enfin, une dernière problématique soulevée par Noémie Drouguet concerne le futur positionnement du musée de société : ce dernier oscille en effet souvent entre un besoin permanent de renouvellement afin de ne pas être dépassé, et la tentation de se replier sur la terminologie « d’art populaire », qui semble offrir une plus grande stabilité par sa connexion moins marquée avec l’actualité.

Le musée de société, un concept en perpétuelle mutation

Depuis son développement dans les années 1970, dans le sillage des écomusées et de la Nouvelle muséologie, le musée de société ne constitue donc pas une catégorie muséale immuable. Dépouillé des monopoles des disciplines, cette approche propose une pluralité de regards sur la collection, qu’elle soit composée de patrimoine matériel ou immatériel. L’humanité y est envisagée dans sa diversité, avec un ancrage résolument contemporain. Comme le résume Noémie Drouguet, « le musée de société correspond davantage à un nouveau paradigme muséologique, en tant que système de connaissances et cadre de pensée, théorisé ou utilisé par une communauté de chercheurs en sciences humaines, de muséologues et de personnels de musée à un moment donné. Par définition, ce paradigme et les valeurs qu’il véhicule sont donc en évolution, en perpétuelle mutation et redéfinition, comme le sont la demande sociale et les institutions muséales. » Une mutation qui promet encore de belles évolutions dans le domaine de la muséologie.

Cuisine-expo

Page : précédente 1 2 3 4

 


© 2007 ULi�ge