Le musée de société : histoire et enjeux
Dans le dernier chapitre sur les enjeux contemporains du musée de société, Noémie Drouguet rappelle la dimension politique — au sens large — que comporte tout projet muséal : chaque musée est porteur, consciemment ou non, d’une certaine « vision du monde ». De nombreux musées de société se révèlent être des acteurs engagés, abordant quelquefois des sujets réputés délicats, comme le Musée d’Histoire de la Ville de Luxembourg et son exposition sur la communauté tzigane en 2006. Dans ce contexte, le musée de société peut se positionner comme un « forum public », souhaitant ouvrir le débat et à encourager la citoyenneté — quoique cette dernière notion revête également des significations multiples. Un bel exemple de cette subjectivité assumée est la Cité Miroir à Liège, qui met à l’honneur des personnalités contestataires, connues pour leur combat contre les injustices. Cependant, ce rôle politique de l’institution muséale peut aussi devenir une source de fragilité : à l’instrumentalisation de son discours s’ajoute parfois l’imposition ou le rejet de certains sujets. Ces pistes de réflexion démontrent la difficulté du positionnement du musée de société, tiraillé entre un engagement réel et le « politiquement correct ». Le musée de société, un concept en perpétuelle mutationDepuis son développement dans les années 1970, dans le sillage des écomusées et de la Nouvelle muséologie, le musée de société ne constitue donc pas une catégorie muséale immuable. Dépouillé des monopoles des disciplines, cette approche propose une pluralité de regards sur la collection, qu’elle soit composée de patrimoine matériel ou immatériel. L’humanité y est envisagée dans sa diversité, avec un ancrage résolument contemporain. Comme le résume Noémie Drouguet, « le musée de société correspond davantage à un nouveau paradigme muséologique, en tant que système de connaissances et cadre de pensée, théorisé ou utilisé par une communauté de chercheurs en sciences humaines, de muséologues et de personnels de musée à un moment donné. Par définition, ce paradigme et les valeurs qu’il véhicule sont donc en évolution, en perpétuelle mutation et redéfinition, comme le sont la demande sociale et les institutions muséales. » Une mutation qui promet encore de belles évolutions dans le domaine de la muséologie. Page : précédente 1 2 3 4
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