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Un éléphant marin, ça trompe rarement
16/12/2011

Echantillon Elephant merSarah Habran, aspirante FRS-FNRS au sein du Laboratoire d’Océanologie de l’ULg, et l’équipe internationale de chercheurs qui travaillaient à ses côtés se sont rendus, à plusieurs reprises, dans la colonie d’éléphants de mer regroupés à l’Año Nuevo State Park, sur le littoral pacifique californien. Avec l’aide des rangers (gardiens) du parc, les scientifiques ont « capturé » à intervalles réguliers une vingtaine de mères et leur petit pendant la lactation, ainsi qu’une vingtaine de jeunes sevrés au cours du jeûne post-sevrage. Chaque individu était marqué à l’aide de différentes teintures capillaires, afin de pouvoir les reconnaître des animaux qui ne faisaient pas partie de leur échantillonnage. Les concentrations en éléments traces ont été analysées dans le sang, les tissus adipeux, les poils et le lait (lors de l’allaitement).

Outre l’intérêt de déterminer les niveaux de contamination en éléments traces chez les animaux analysés, cette étude devait permettre de comprendre les mécanismes impliqués dans la toxicocinétique de ces substances. On cherchait ainsi à savoir ce que ces « produits chimiques » deviennent après leur absorption, comment ils passent de la mère à son petit phoque, ainsi que la « redistribution » de ces éléments dans les tissus pendant les périodes-clés impliquant un jeûne volontaire.

Et on a trouvé ! Les recherches patiemment menées sur l’éléphant de mer septentrional ont montré l’existence d’un transfert transmammaire de mercure et de sélénium, deux substances qui transitent donc de la mère au petit par le lait. Cette étude suggère également que le transfert maternel de sélénium est important pendant l’allaitement, alors que le transfert de mercure s’opère principalement pendant la gestation. De même, la lactation et le jeûne affectent les niveaux de mercure total et de sélénium dans le sang et le lait des mères phoques. La consommation de lait et son dépôt dans les tissus (c’est-à-dire la croissance et le développement) influent la dynamique (les mouvements) des substances contaminantes dans l’organisme des petits. Ceci souligne l’importance d’examiner avec soins ces processus lors de l’interprétation des niveaux d’éléments traces dans le cadre de la biosurveillance. Par ailleurs, à la connaissance des chercheuses de l’ULg, les niveaux de concentration du mercure et du sélénium n’avaient pas été préalablement déterminés chez les éléphants marins.


Des études toxicologiques supplémentaires seront nécessaires pour comprendre les répercussions de ces transferts chimiques sur la santé des éléphants marins. Mais, ce qui est déjà certain, c’est que tous les progrès des connaissances dans le domaine de l’écotoxicologie s’avèrent d’une grande importance Notamment parce que les niveaux de substances polluantes présentes dans l’environnement continuent de croître, en dépit des mesures prises en matière de protection des écosystèmes et de la relative régulation de la pollution, depuis plusieurs décennies…

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