Un éléphant marin, ça trompe rarement
Dix centimètres de graisse : chance et malédictionComme tous les phoques, les éléphants de mer ont les membres postérieurs (l’équivalent de nos jambes) atrophiés. Chaque « pied » reste néanmoins bien distinct et présente une palmure destinée à la propulsion aquatique. En revanche, ils sont devenus impropres à toute locomotion terrestre. Mais les déplacements sur la plage sont assurés par les membres antérieurs : bien que transformés également en nageoires, ces « bras » leur permettent de prendre appui sur le sol et de propulser leur corps par bonds successifs. Ils sont ainsi capables d’effectuer des déplacements assez rapides sur de courtes distances, que ce soit pour regagner la mer, rattraper une femelle réticente ou chasser un intrus. Les éléphants de mer possèdent, sous la peau, une épaisse couche de graisse qui les isole du froid, améliore leur flottabilité et constitue une réserve énergétique très précieuse pour les périodes de jeûne à terre. Cette graisse, dont l’épaisseur peut atteindre dix centimètres, est à l’origine d’une chasse intense qui a débuté au XVIIIe siècle et a failli entraîner la disparition de l’espèce à la fin du XIXe siècle. Les phoquiers pourchassaient alors les éléphants marins à terre, pendant la période de reproduction, les massacraient en grand nombre et faisaient fondre leur graisse hypodermique pour la transformer en une huile de très bonne qualité, propice à l’assouplissement des cuirs comme à la lubrification des machines aux débuts de la révolution industrielle. La chasse ne s’est vraiment arrêtée que lorsque de nouveaux types d’huile, d’origine minérale, ont pris le relais de la graisse fondue. Depuis le début du XXe siècle, les éléphants de mer septentrionaux sont protégés par les lois américaines et mexicaines, ce qui a permis de faire remonter leur effectif total à plus de 120.000 individus, alors que l’espèce avait frôlé l’extinction. Mais la population actuelle, reconstituée sur la base d’une diversité génétique amoindrie, est probablement moins robuste et plus sensible aux épidémies comme aux pollutions. |
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