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La microcéphalie livre ses secrets
08/12/2015

Les chercheurs ont donc mis le doigt sur le mécanisme qui pousse la cellule à produire un neurone directement ou indirectement via le progéniteur intermédiaire. « Dans notre système, lorsqu’on exacerbe la voie de signalisation en aval du stress, on force la neurogenèse directe, poursuit-il. Dès lors, peut-être qu’au cours du développement cortical une voie de signalisation physiologique similaire existe, indépendamment du stress. Et que l’intensité de cette signalisation, lorsqu’elle est réduite, permet le basculement du comportement des cellules souches de la neurogenèse directe vers l’indirecte ». 

microcephalie schema

« Bingo ! »

L’étape suivante fut de vérifier que cette voie de signalisation était présente aux différents stades du développement cortical. « Bingo ! Jackpot ! Ça l’était. En plus, on a une diminution progressive au fur et à mesure du développement. On a même réussi à perturber l’expression physiologique de cette voie de signalisation et donc à changer le comportement de la cellule souche précocement ».  

Cette découverte pourrait servir à développer un moyen de contrer la microcéphalie. Il s’agit maintenant de passer de la recherche fondamentale à la recherche appliquée. Des collaborations viennent de commencer avec les cliniciens, afin de déterminer si cette fameuse voie de signalisation est altérée chez les patients microcéphales. Par ailleurs, le syndrome d’alcoolisation fœtale (caractérisé par une microcéphalie syndromique) va être étudié : l’abus d’alcool de la mère durant la grossesse induit-il du stress et, par conséquent, une altération de la voie de signalisation qui aboutit à la malformation corticale ? « C’est la prochaine étape. On en est encore aux balbutiements. La beauté de cette recherche, c’est qu’en partant d’une analyse de base, non orientée, on découvre des mécanismes intéressants pour la pathologie humaine ».  

De là à imaginer qu’un remède est sur le point d’être concocté, il y a un pas à ne pas franchir trop hâtivement. D’abord, il faudrait augmenter la qualité de la résolution de l’imagerie cérébrale pour que tous les indices de microcéphalie puissent être détectés lors de l’échographie et qu’il soit possible d’intervenir à temps. Ensuite, on pourrait imaginer un traitement curatif (ou permettant d’alléger la pathologie) à base de molécules capables de bloquer la transduction du stress. Mais il faudrait encore qu’une fois injecté chez la mère, ce « cocktail » chimique puisse passer la barrière du placenta pour atteindre l’embryon. Ce n’est pas gagné. Des tests viennent de commencer sur les souris. À suivre…

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