La microcéphalie livre ses secrets
Cibler ElongatorEn 2009, les chercheurs liégeois étaient surpris que la manipulation génétique utilisée dans le but d’altérer l’expression d’Elongator entraînait des conséquences dans les neurones mais pas leurs progéniteurs. « On s’est dit que l’approche technologique n’était probablement pas appropriée pour l’analyse des progéniteurs». Auparavant, l’expression d’Elongator était modifiée par « électroporation in utero » et présentait toutefois un inconvénient : elle permettait de diminuer l’expression du gène, mais pas de le faire disparaître complètement. « Cette activité résiduelle pourrait expliquer pourquoi on n’avait pas de défaut dans les progéniteurs. Ceux-ci n’ont peut-être pas besoin qu’Elongator soit présent à 100% pour fonctionner correctement, à la différence des neurones, détaille Laurent Nguyen. On travaillait aussi à un moment du développement cortical assez tardif. Peut-être était-il nécessaire d’altérer l’expression d’Elongator plus tôt ?». Balance restauréeHomme, mouche, souris : même constat ! Un complexe Elongator altéré vient chambouler les processus de neurogenèse directe et indirecte. Mais quel en était le mécanisme ? Ce fut la deuxième phase du travail de recherche. Une analyse moléculaire par séquençage ARN couplée à une analyse morphologique fine a démontré que l’absence d’Elp 3 induisait un stress au niveau du réticulum endoplasmique, cette « partie » de cellule faite de tubules membranaires. Ce stress est d’abord ressenti au niveau de la membrane du réticulum endoplamsique. Ensuite, différents récepteurs vont transduire (soit répondre en envoyant un signal) sous forme de voie de signalisation, ce qui va in fine permettre de réduire l’impact du stress sur la physiologie de la cellule. En d’autres termes, cette voie de signalisation va permettre de corriger le défaut qui avait causé le stress initial. « Ce qui est intéressant, c’est qu’en bloquant la transduction avec des outils génétiques, donc en empêchant la voie de signalisation d’être activée, on restaure la balance de neurogenèse », pointe Laurent Nguyen. (2) Procédé qui consiste à reprogrammer génétiquement une cellule souche « adulte » pour lui redonner les mêmes propriétés qu’une cellule souche embryonnaire. Une technique qui avait valu le Prix Nobel de médecine en 2012 au professeur japonais Shinya Yamanaka. Page : précédente 1 2 3 suivante
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