Le profane, juge éclairé de la justesse vocale
Ces séquences ont ensuite été quantifiée selon les trois critères développés. Pour chacune des 166 performances, Pauline Larrouy-Maestri disposait ainsi d’une analyse objective de trois types d’erreurs possibles, et donc de trois valeurs. Dans la foulée, la chercheuse a sélectionné 18 experts ayant suivi plusieurs années d’études de musique classique ou ayant une expertise vocale. Ils ont évalué les 166 chants selon une échelle de 1 à 9 allant de « pas juste du tout » à « très juste ». « Nous disposions donc d’une part de trois critères de justesse objectifs, et d’autre part, de 18 évaluations subjectives de juges experts. Nous pouvions comparer ces données entre elles, appliquer des analyses statistique pour observer la relation entre les avis des différents juges et la valeur des trois critères mesurés. » Il en résultait une forte corrélation entre le critère objectif et le jugement des différents experts. Par exemple, si l’ordinateur identifiait pour une performance de nombreuses erreurs d’intervalle ou de tonalité, les juges cotaient cette même performance d’une mauvaise note (voir pour plus de détails « Les profanes se joignent à l’étude », ci-dessous). Une première étape dont les résultats, publiés en 2013 dans le Journal of Voice, ont été reconvoqués pour la présente étude. Car si la chercheuse venait de trouver un modèle capable de quantifier et d’expliquer la perception de la justesse par l’oreille humaine, ses expériences, qui ne touchaient alors que des experts, ne faisaient que commencer. Les profanes se joignent à l’étude« Nous sommes tous musiciens ». C’est donc cette intuition que la logopède a suivie pour vérifier scientifiquement que les non musiciens avaient une formation musicale implicite. Pour mener à bien son expérience, elle a réitéré l’évaluation des 166 versions de « Joyeux anniversaire » auprès de 18 juges, profanes, cette fois-ci. Les juges devaient ne pas avoir eu de formation musicale, mais devaient toutefois entendre correctement (audiométrie normale et pas de score déficitaire à la batterie de Montréal d’évaluation de l’amusie). Ils ont aussi été choisis de manière à pouvoir proposer des profils similaires à ceux des experts. Même proportion d’hommes et de femmes, de jeunes et de personnes âgées, mêmes milieux socioculturels… La seule différence majeure était l’absence de formation musicale. Contrairement aux experts, les non experts ont dû passer le test deux fois, à quinze jours d’intervalle. La manœuvre devait permettre de vérifier qu’ils ne changeaient pas leurs critères de jugement d’une fois à l’autre, ce qui aurait signifié que l’expérience était en elle-même un processus d’apprentissage trop influent. La ligne rouge, présente sur chacune des cases, correspond au taux de significativité des résultats. Tout ce qui se trouve en dessous de cette ligne est considéré comme statistiquement significatif. « La relation entre le jugement et les critères objectifs ne tient pas du hasard. Si on reproduisait la même expérience, on aurait plus de 95% de chances d’obtenir les mêmes résultats ou, autrement dit, que le résultat observé a moins de 5% de chances d’être obtenu par hasard» Un autre point général à comprendre sur cette figure est la gradation des abscisses, allant de 1 à 18. « La boîte noire au-dessus du nombre 18 représente la moyenne de l’ensemble des avis des 18 juges. A sa gauche, elle représente la moyenne de 17 des 18 juges, pris au hasard, etc. Tout à gauche, il s’agit de l’avis d’un seul juge, toujours pris au hasard. Dans chacun des cas, on a observé la relation, la corrélation entre ces groupes de juges allant de 1 à 18 et les analyses objectives réalisées avec nos programmes informatiques. On remarque par exemple que dans la première case, il nous suffit d’avoir 3 juges pour avoir une très forte corrélation entre la mesure objective et l’évaluation. » Page : précédente 1 2 3 suivante
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