La souche cubaine
Quand une souche cubaine passe la vitesse supérieureLe CRF19 est issu de la recombinaison génétique de deux autres souches de VIH. Très logiquement, compte tenu de sa virulence, elle se caractérise par une vitesse de réplication particulièrement élevée. Ce qui est plus surprenant c’est que CRF19 provoque une dégradation rapide de l’état immunitaire tout particulièrement chez les patients présentant une concentration sanguine élevée d’une chimiokine appelée RANTES. « Or, RANTES, un produit de l’inflammation, se lie naturellement à des récepteurs des lymphocytes T muqueux qui sont précisément les mêmes que ceux utilisés par le VIH », explique Michel Moutschen. « Chez ces patients, RANTES occupant déjà les récepteurs indispensables à la réplication du VIH dans les lymphocytes T des muqueuses, une pression de sélection majeure se mettrait en place permettant à court terme l’utilisation des récepteurs des autres lymphocytes T de l’organisme », poursuit le scientifique. La raison pour laquelle ces patients cubains présentaient des taux élevés de RANTES dans le sang n’est pas connue à ce jour. Cependant, selon les scientifiques ces personnes auraient pu être sujettes à une inflammation systémique elle-même liée à la présence de CRF19 dans leur organisme. « La simple présence de la souche VIH a pu stimuler l’inflammation et par là provoquer la production de RANTES. C’est un scénario qui est contre-productif pour le virus au début mais qui lui ouvre les portes pour infecter tout l’organisme rapidement, une sorte de cercle vicieux », résume Michel Moutschen. Ne pas laisser la main au virus, traiter au plus tôt l’infectionSelon Michel Moutschen, le grand message à retenir suite aux résultats de cette étude est qu’il faut traiter toute personne infectée par le VIH le plus tôt possible. « A l’heure actuelle, en Belgique et dans de nombreux autres pays, on ne commence à traiter les patients que lorsque leur concentration de lymphocytes T CD4 tombe en dessous d’un certain seuil. Avant cela, les traitements ne sont pas remboursés», explique le Professeur. « Cette décision est basée sur le fait qu’on présume que la vitesse d’évolution vers le sida est une vitesse connue et constante. Alors on attend un peu, dans un souci d’économie peut-être ou pour éviter que le patient ne se lasse de prendre ses médicaments… ». A Cuba, suite aux conclusions de la présente étude, les autorités ont décidé de remonter largement le seuil à partir duquel les patients atteints du VIH sont traités. Page : précédente 1 2
|
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||