Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

La Belgique, la France et l’Allemagne
26/10/2015

Et du côté de la France ?

L’autre facette de l’ouvrage, consacrée aux relations entre la Wallonie et la France, est due à la plume de Catherine Lanneau, chargée de cours à l’Université de Liège. A priori, on est tenté d’écrire que, de ce côté, c’est le fol amour : quoi de plus francophile qu’un Wallon, un Liégeois en particulier ? Ce serait aller vite en besogne. Longtemps a existé, parmi les intellectuels wallons, le désir de s’affirmer, se définir comme Belge face à une France perçue comme une menace pour l’indépendance du pays. Et même ceux qui, comme Maurice Wilmotte, tentent de définir l’âme wallonne, insistent sur le fait que la culture française n’est pas intrinsèquement celle de la Wallonie. Rares sont ceux qui considèrent l’âme wallonne comme intégralement française. Dans l’entre-deux-guerres, l’heure est plutôt à dire que la France ne doit pas être l’unique référent. L’issue du second conflit mondial va encore renforcer cette tendance : la France a perdu de sa superbe et nos libérateurs américains (pour la Wallonie) ont introduit un autre horizon. La régionalisation du pays, quant à elle, amènera une autre évolution : les rapports noués entre la Communauté française (ou la Wallonie) et la France vont désormais être plutôt de type contractuel que passionnel… pour autant que la France accepte de jouer le jeu régional, ce qui lui répugne pendant longtemps.

COVER De Gaulle et BelgiqueCette France de l’après-guerre est marquée par un homme, Charles de Gaulle. S’intéresser aux rapports entretenus entre lui et la Belgique est en quelque sorte résumer les rapports entre les deux pays. C’est l’objet du second ouvrage (2) co-dirigé par Catherine Lanneau. Au passage, quelques mythes sont écornés comme celui qui voudrait que la Belgique ait été une base arrière de l’OAS (Organisation de l’Armée secrète, mouvement nationaliste français luttant contre l’indépendance de l’Algérie) pendant la guerre d’Algérie. Ou celui du soutien à la cause wallonne et rattachiste : de Gaulle ne s’y est guère personnellement impliqué (aucun « Vive la Wallonie libre » ne fut lancé depuis le balcon de l’hôtel de ville de Liège !). Ce sont plutôt des « strates inférieures, paragaullistes » qui ont été mobilisées en ce sens. Et si parfois la Wallonie surestime l’investissement français à son égard, un chapitre de l’ouvrage montre que le contraire est également vrai : la France de de Gaulle surestime constamment le soutien belge à son égard, notamment dans le jeu européen. Et si, finalement, le Belge le plus gaullien avait été… le Roi Baudouin. Même s’ils ne se sont guère fréquentés, les deux hommes apparaissent en effet en phase sur bien des dossiers. Bien davantage que ne le fut la classe politique belge !

(2) De Gaulle et la Belgique, sous la direction de Catherine Lanneau & Francis Depagie, Avant-propos, 192 pp.

Page : précédente 1 2

 


© 2007 ULi�ge