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Carences en vitamine D : y voir plus clair !
14/10/2015

Les risques d’une carence en vitamine D

Vitamine DOr, une carence en celle-ci est suspectée d’être impliquée dans différentes maladies, comme les maladies osseuses, mais aussi les maladies cardiovasculaires, la sclérose en plaques ou encore le cancer. Autant de possibilités qui méritent néanmoins encore d’être précisées et confirmées : « Pour certaines pathologies, le lien de cause à effet est clairement démontré : c’est le cas du rachitisme chez l’enfant ou de l’ostéomalacie chez l’adulte », précise le Pr Kolh. De même, la carence en vitamine D est également présente chez les personnes qui développent une sclérose en plaques. Des études montrent qu’il ne s’agit pas d’une simple corrélation, ni même une conséquence de la maladie, mais que la carence en vitamine D est bien un facteur de risque d’apparition de la maladie, d’autant qu’elle est présente bien avant l’apparition des symptômes.

Par contre, d’après différentes revues de la littérature scientifique, l’apport de compléments de vitamine D ou de vitamine D + calcium n’a pas encore fait preuve de son efficacité dans la prévention des cancers, des maladies cardiovasculaires, de la maladie de Parkinson ou encore de diabète. Les auteurs de ces études précisant que la diminution des taux de vitamine D peut cependant être considérée comme un marqueur de la détérioration de la santé, et ce pour un grand nombre de maladies, sans en être la cause.

Plus surprenant, au vu des recommandations classiques entendues : ces suppléments n’apportent pas de bénéfice notable en termes de prévention des fractures (de la hanche, tout particulièrement) ni de traitement de l’ostéoporose chez les personnes âgées, excepté chez les personnes qui vivent en maisons de retraite.

Quel rôle des compléments ?

On pourrait chercher à augmenter les apports alimentaires ou l’exposition à la lumière, les deux sources de vitamine D, mais cela risque d’être difficile chez nous : « Dans l’alimentation, on retrouve la vitamine D essentiellement dans les poissons gras, ou encore dans des aliments enrichis, comme des margarines. Mais en Belgique, la législation ne permet pas d’ajouter de la vitamine D dans un grand nombre d’aliments comme par exemple au Canada ou aux États-Unis. Quant à l’apport par les rayons UV, on comprendra que même si l’on peut parfois bénéficier chez nous d’un été ensoleillé, l’exposition intense aux rayons du soleil ou aux bancs solaires n’est pas à conseiller, vu le risque de mélanome… »

Du coup, l’étude suivante qui vient de paraître (1) a cherché à connaître l’impact d’une supplémentation en vitamine D sur la population, afin d’atteindre les niveaux recommandés. « Cette étude a mis en lumière que 23.1% des personnes étudiées affirmaient prendre des compléments de vitamine ; pourtant 99.8% de ces personnes se situaient au-dessus des valeurs recommandées par l’IOM, à savoir 600 IU/jour. Il n’existe aucune recommandation pour une population générale, mais seulement pour des personnes souffrant d’une pathologie », poursuit le Pr Kolh.

Population à part ?

Mais il semble qu’une partie de la population pourrait ne pas tirer de bénéfice des suppléments de vitamine D : les personnes obèses. L’étude montre une relation inverse entre les concentrations de 25(OH)D dans le sang et l’IMC (indice de masse corporelle) de la personne : plus elle est en surpoids, moins elle a de vitamine D. Et cela, qu’elle prenne ou non des compléments. « Cela pourrait s’expliquer par le fait que la vitamine D est liposoluble, et qu’elle est donc stockée dans le tissu adipeux, la rendant moins disponible pour l’hydroxylation… Cela signifierait alors que les personnes obèses doivent recevoir des doses plus importantes. »

Le message de cette étude est donc que même sous supplémentation, aux doses habituellement proposées par les compléments, nos besoins ne sont pas nécessairement satisfaits. Faut-il dès lors promouvoir la supplémentation dans la population générale ? D’autant que ses bienfaits pourraient être décevants, comme nous l’avons vu : « Par cette étude, nous montrons que l’intérêt scientifique pour la vitamine D est croissant, qu’il faut approfondir son rôle sur le calcium et la minéralisation osseuse, sur la prévention qu’elle pourrait jouer sur une série de pathologies. Si son rôle physiologique sur l’os est bien documenté, on peut se demander encore si la supplémentation en vitamine D et/ou en calcium va avoir un effet sur l’os. Tout dépend de la population qui est visée : les femmes enceintes, ménopausées ou allaitantes, de même que celles qui ont eu un cancer du sein trouvent un intérêt à prendre ces suppléments, à raison de 800 IU/jour. Pour le reste, si la vitamine D ne réduit pas le risque de développer certaines pathologies, elle ne l’augmente pas non plus. Des recherches sont encore à mener dans ce sens, car si elle agit sur l’expression de certains gènes des cellules, on peut concevoir que cela puisse avoir des impacts sur le fonctionnement – normal ou anormal - de cette cellule… », poursuit le Pr Kolh.

(1) Hoge A., Donneau AF, Streel S., Kolh P., Chapelle JP, Albert A., Cavalier E., Guillaume M., Vitamin D deficiency is common among adults in Wallonia (Belgium, 51°30′ North): findings from the Nutrition, Environment and Cardio-Vascular Health study. Nutrition Research 35 (2015) 716 – 725

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