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Premier bilan des émissions de GES par les rivières africaines
20/07/2015

Pour mener ce travail, les scientifiques se sont répartis la collecte d’échantillons au sein de 12 bassins de drainage (ce qui correspond à la zone comprenant un fleuve et tous ses affluent, de la source à son embouchure), répartis sur l’ensemble du territoire africain et variés selon le climat et la végétation correspondante : climat humide dominé par de la forêt tropicale du fleuve Congo (RDC) au climat semi-aride dominé par de la savane du fleuve Tana (Kenya), en passant par des bassins au relief très pentu du fleuve Rianila (Madagascar).

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« Ce large spectre a permis de faire ressortir les mécanismes contrôlant les GES dans ces eaux intérieures, de bassin en bassin à travers tout le continent africain. Et cela ouvre aussi la voie à une étude de comparaison entre le fleuve Congo et l’Amazone, ou tout autre fleuve tropical » poursuit Alberto Borges, qui entend rendre publiques la base de données, l’ensemble des auteurs adhérant à l’Open Access et l’Open Data. Selon lui, l’étude poursuivie permet d’établir une « ligne de base », une photographie de l’Afrique dans les années 2010, à l’aube de grands changements.  « On sait que la population de la République démocratique du Congo va doubler, passant d’environ 65 à 130 millions d’habitants en 25 ans, note-t-il. Ce saut aura inévitablement un impact sur le fonctionnement du fleuve Congo, probablement en lien avec une déforestation accrue, et peut-être une évolution vers l’agriculture intensive, alors qu’elle est actuellement principalement traditionnelle. Il est envisageable que le nombre de barrages hydroélectriques augmente, le potentiel hydroélectrique en Afrique restant largement sous-exploité. De même, le détournement d’eau pour l’irrigation va augmenter. Tout ceci aura des conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre par les fleuves ».
 
Parmi les enseignements tirés de cette étude, le chercheur pointe le rôle important des « zones humides » (il s’agit de forêts inondées ou inondables, de plaines d’inondations et de grandes « prairies » de plantes flottantes bordant les fleuves). Ces zones humides sont caractérisées par une forte photosynthèse « aérienne » (par la végétation émergée) mais la matière organique produite est tôt ou tard transférée dans l’eau. Cette matière organique dans l’eau accroît la production et l’émission de CO2 et de CH4.  Les émissions de carbone (CO2 et CH4) associées aux zones humides sont énormes car les surfaces occupées le sont aussi. Rien que pour le bassin du Congo, les zones humides (principalement des forêts inondées) occupent 360 000 km2, soit la superficie de l’Allemagne.

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