Le vécu particulier des patients en locked-in syndrome
« Le fait d'éprouver la sensation de ne plus être dans son corps peut se manifester dans de nombreuses circonstances dès que certaines connexions cérébrales sont altérées ou même simplement modifiées, indique Vanessa Charland-Verville. Un profond état de fatigue peut parfois suffire. » La chercheuse ajoute par ailleurs que le cerveau « aime » créer du sens. Aussi sera-t-il enclin à bâtir des histoires d'une grande cohérence, sous-tendues par une imagerie très complexe, que le sujet coupé du monde extérieur aura tendance à interpréter comme émanant de celui-ci et revêtant toutes les caractéristiques de la réalité. Dysfonctionnement de régions cérébralesTournons la page des interprétations spirituelles des NDE. Plusieurs interprétations psychologiques ont également été émises. Selon l'une d'elles, ces expériences consisteraient en une forme de dépersonnalisation, en un sentiment de perte du sens de la réalité qui servirait de moyen de défense devant une menace de mort. En quelque sorte, notre inconscient bâtirait de toutes pièces une « fable » pour nier l'imminence de notre disparition. Mais alors comment expliquer l'éclosion de NDE en l'absence d'un quelconque danger de mort ? Au mieux, cette interprétation est parcellaire. Souvenirs éclair d'hallucinations ?Eu égard aux conditions chaotiques dans lesquelles apparaissent les NDE, il est quasiment impossible de les étudier en temps réel. Aussi les chercheurs du Coma Science Group de l'ULg et du CHU de Liège ambitionnent-ils de mettre en relation les caractéristiques des expériences de mort imminente rapportées par les expérienceurs participant à leurs études avec d'éventuelles lésions résiduelles dans les régions cérébrales susceptibles d'être responsables du vécu peu commun dont ils font état. Nous venons d'évoquer la région temporo-pariétale droite pour les OBE, mais d'autres régions sont candidates comme « supports » d'autres composantes des NDE. Lors d'un arrêt cardiaque, d'une hémorragie cérébrale ou d'un traumatisme crânien, certaines régions du cerveau souffrent plus que d'autres, notamment en réponse au manque d'oxygène. Ce sont elles dont les chercheurs de l'ULg suspectent l'implication dans les expériences de mort imminente. « La sensibilité des techniques d'imagerie nous permet de rechercher, même des années après un épisode de NDE, de minuscules cicatrices, une infime activité épileptique, de petits œdèmes ou de légers dépôts de sang témoignant de microlésions dans telle ou telle région cérébrale », nous expliquait en 2013 Steven Laureys, responsable du Coma Science Group. |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||