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Mise en lumière des aurores de Jupiter
07/07/2015

Le vent solaire écarté

Jusqu’alors, l’origine des aurores situées à l’extérieur de l’ovale principal n’était pas connue. « Nous avions déjà observé des variations de leur brillance, et j’avais proposé l’hypothèse d’une origine interne, à savoir une intensification de l’activité volcanique d’Io, qui augmentait la quantité de gaz émis, se souvient Bertrand Bonfond. Ce qui devait créer plus d’événements de redistribution du plasma dans le système jovien. Mais ce n’était qu’une interprétation. Nous manquions de données permettant de vérifier cette théorie. » Lors des deux semaines d’observation du début de l’année 2014, la Terre et Jupiter étaient alignées par rapport au soleil. Situation optimale pour extrapoler l’intensité du vent solaire sur Jupiter en fonction de sa force perçue sur Terre. « Pendant toute une semaine, le vent solaire a été très constant sur Terre. Une véritable aubaine. Autant les variations sont difficiles à extrapoler avec précision, autant s’il ne s’est rien passé sur Terre, on peut conclure qu’il ne s’est rien passé sur Jupiter non plus.» Au cours de cette période, les chercheurs ont localisé des pics de brillance aussi intenses que soudains. « On en a donc conclu que pour ces intensifications aurorales, le vent solaire n’y était effectivement pour rien. Le processus était bien interne. Des analyses approfondies nous ont permis de confirmer une redistribution du plasma. »

variations vents solaires Jupiter
Des prochaines années prometteuses

Si des analyses d’images répétées et l’amélioration considérable des outils d’observation ont permis de comprendre des processus physiques inédits sur Terre, il reste sur Jupiter un certain nombre de zones d’ombre. « Par exemple, pour les événements liés au vent solaire, concède Bertrand Bonfond. Nous savons qu’il a un rôle, notamment par la compression et le relâchement de la magnétosphère de Jupiter. En même temps, le système jovien est énorme. Sur Terre, tout se passe très vite. Sur Jupiter, on ne connaît pas le temps de réponse du système par rapport à l’influence du vent solaire. En théorie, la brillance de l’ovale principal devrait décroitre quand le vent solaire s’intensifie. Or c’est plutôt le contraire que l’on observe. On se doute que la chronologie des différents évènements qui se déclenchent quand la pression du vent solaire augmente est cruciale. Hélas, c’est justement ce timing précis qui nous échappe pour le moment. »

Toujours en quête de découvertes et de nouvelles analyses, l’astrophysicien attend impatiemment l’année 2016, et l’arrivée de la sonde spatiale Juno autour de Jupiter. « Juno possède un magnétomètre et pourra observer les variations du vent solaire en temps réel. Nous avons demandé de nouveau du temps d’observation avec Hubble. Nous ne savons pas si ce sera accepté. Mais pour la première fois, nous serons capables d’observer les aurores de Jupiter en tenant compte du vent solaire. Observer ce qui se passait quand le vent solaire restait stable, c’était une chose. La prochaine étape sera d’observer ce qui se passe quand sa vitesse et sa pression varient de façon connue. »

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