L’effet papillon du gaz de schiste
Plus que des présomptions, il fallait des preuves. L’équipe contacta des collègues néozélandais, afin de déterminer si eux aussi observaient le même phénomène. Négatif. L’hémisphère sud est pour l’instant préservé. Ce qui laisse penser que l’origine de la pollution se situe bien dans l’hémisphère nord et que l’éthane ne survit pas suffisamment longtemps dans l’atmosphère pour migrer significativement sous l’équateur. Sur orbiteLes chercheurs se tournèrent ensuite vers le ciel et l’instrument canadien ACE, sur orbite depuis 2004. Leur objectif fut d’établir si les mesures prises depuis le sol étaient similaires aux données captées depuis l’espace. Résultats concordants. Au-dessus du continent américain, le satellite a même noté des progressions proches de 10% par an ! Qui a fuité ?La prochaine phase de la recherche portera justement sur la quantification et l’identification des émissions. Quelle est l’ampleur réelle de ces fuites ? D’où viennent-elles précisément ? Les chercheurs vont pour cela se servir de « modélisation inverse ». Les mesures prises par un satellite vont être utilisées pour déduire la localisation des sources et l’intensité des émissions. Une méthode disponible pour le méthane, mais celui-ci étant émis simultanément à l’éthane, il devrait être possible d’en tirer des conclusions utiles. Priorité au méthaneLe but des chercheurs liégeois n’est cependant pas de mener une croisade anti-gaz de schiste. Bien au contraire. Selon Emmanuel Mahieu, il vaut mieux exploiter du méthane pour le convertir en électricité que du charbon. « On va me dire que je suis fou, puisqu’il s’agit d’un gaz à effet de serre, sourit-il. C’est vrai. Mais tant qu’à faire un choix entre les deux, il est préférable d’opter pour le méthane. Car le charbon contient du soufre, émet plus de microparticules dans l’atmosphère et se révèle moins efficient au niveau de la conversion en électricité. Toutefois, si les fuites se révèlent supérieures à 3%, c’est l’inverse. Le premier devient moins intéressant que le second. » (1) Retrieval of ethane from ground-based FTIR solar spectra using improved spectroscopy: recent burden increase above Jungfraujoch, Franco et al. (2015), Journal of quantitative Spectroscopy and Radiative Transfer, 160, 36-49, doi:10.1016/j.jqsrt.2015.03.017. Page : précédente 1 2
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