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Le coût de l’énergie verte en Wallonie
5/26/15

En 2003, la Région Wallonne a mis en place un marché de Certificats Verts (CV) pour promouvoir la production d’énergie renouvelable.  La région a modifié ce mécanisme en 2007 pour soutenir la filière photovoltaïque en majorant le taux d’octroi des CV qui passe de 1CV/MWh produit à 7CV/MWh produit ! Dans leur étude (1), les professeurs Axel Gautier (HEC-Ecole de gestion de l’Université de Liège) et Nicolas Boccard (Université de Gérone, Espagne) ont évalué le coût du mécanisme de soutien aux énergies vertes mis en place pour la période 2003-2012.

Après avoir décrit le fonctionnement du marché des CV et la production d’énergie verte en Wallonie, les auteurs estiment le coût pour les consommateurs wallons. Pour y parvenir, ils ont tenu compte :

Energie solaire

  • des montants payés par les fournisseurs d’électricité pour remplir leur quota d’énergie verte (les CV sont octroyés à des producteurs –souvent des particuliers pour le photovoltaïque par exemple- mais sont exigibles des fournisseurs, d’où la mis en place d’un marché des CV où les fournisseurs peuvent acheter les CV qui leur manquent pour atteindre leur quota) ;
  • des amendes qu’ils doivent payer s’ils n’ont pas atteints ce quota ;
  • du coût des CV excédentaires (à partir de 2009 surtout et de l’explosion de la filière photovoltaïque, la Région a délivré plus de CV que le quota exigible).

Verdict ? Le mécanisme de soutien a coûté en 10 ans la somme de 1,871 milliard d’euros, facturée aux consommateurs wallons. « Et encore, explique le professeur Axel Gautier, nous n’avons tenu compte que du mécanisme des certificats verts et pas d’autres coûts comme les avantages fiscaux et les coûts induits par les énergies renouvelables sur le système de distribution électrique tels que le renforcement du réseau ou la gestion de l’intermittence par exemple. »   Si l’on rapporte ce montant à la production électrique, cela donne un soutien de 107 euros par MWh ‘vert’ produit.

Du fait de taux d’octroi différents –qui reflètent en partie des coûts de production différents- toutes les filières ne sont pas soutenues de la même manière. Sur une période de 10 ans, le solaire photovoltaïque a reçu 374 millions de subsides pour une production de 635 GWh soit un soutien de 588 euros par MWh produit (à titre de comparaison le soutien à cette filière est de 371 euros/MWh en Allemagne ou 245 euros/MWh au Royaume-Uni) ;  A contrario, la filière biomasse a reçu 828 millions d’euros de subsides mais elle produit à elle seule plus de la moitié de l’électricité renouvelable wallonne soit 9458 GWh, ce qui donne un soutien de 88 euros par MWh produit.

Coût de la tonne de CO2 évitée

Dans une autre partie de leur étude, les auteurs estiment le coût de la tonne de CO2 évitée puisque, rappelons-le, l’objectif de la filière renouvelable est de décarboniser la production électrique. Leur verdict est sans appel : en moyenne, une tonne de carbone évitée coûte en moyenne 425 euros en Wallonie. Mais ici aussi, cela varie fort selon les filières : « une tonne de CO2 évitée par le placement de panneaux photovoltaïques sur un toit coûte 2.332 euros », concluent-ils. Des chiffres qui prennent tout leur sens si on sait que sur le marché européen des quotas d’émission, le prix de la tonne de CO2 n’a jamais dépassé durablement 30 euros ! Et que, comme le font remarquer les auteurs, le GIEC « recommande la mise en place d’un prix moyen pour le carbone entre 20 et 50 dollars par tonne afin de pousser le système énergétique mondial vers un développement plus soutenable ».

La conclusion des auteurs devrait retenir l’attention : « Pour la décennie à venir, les coûts risquent d’être encore plus élevés. En effet la réforme de 2014 a modifié tardivement le système de soutien au solaire. En se basant sur des prévisions d’octroi de 72,8 millions de nouveaux CV de 2013 à 2022, nous estimons le coût de soutien aux énergies renouvelables à 4,51 milliards d’euros, soit 451 millions par an… 2,5 fois de plus que lors de la première décennie. »

Lire l’étude complète : http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/181403

 

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