Ecouter les herbiers de posidonies
La problématique relève d’une certaine urgence. La posidonie se développe exclusivement en Méditerranée, entre 5 et 40 mètres de profondeur. C’est donc une plante de littoral, première zone affectée par l’activité humaine autour de nos mers et océans. Plusieurs causes directes de la dégradation de ces plantes peuvent être énumérées. Il y a par exemple le développement des ports et des marinas. Un apport accru de nutriments en tous genres, qui profitent aux algues épiphytes, plus promptes à se développer. Elles se multiplient, recouvrent les posidonies et les occultent de la lumière nécessaire à la photosynthèse. Un autre phénomène ravageur est l’augmentation de la turbidité de l’eau. Elle empêche la lumière de passer et limite la profondeur à laquelle les posidonies peuvent se développer. Bien souvent, elles ne s’aventurent plus au-delà de 15 à 25 mètres sous la surface. Un dommage écologique important. « Ce sont de véritables forêts sous la mer, décrit Sylvie Gobert. Elles permettent à d’autres végétaux et animaux de vivre et augmentent la biodiversité. Mais en plus, elles ralentissent l’érosion et stabilisent les sédiments, leurs longues feuilles ralentissent les courants et protègent les plages, elles produisent de l’oxygène et constituent un puit de carbone de première importance ». (Lire aussi Posidonies sous surveillance et Les vigies de l’environnement côtier) La sédimentation comme moyen de stockageLe mécanisme qui fait de ces herbiers des puits de CO2 transforme également leur disparition en une véritable épée de Damoclès environnementale. « Les feuilles des posidonies peuvent faire jusqu’à un mètre de haut, développe Willy Champenois, chimiste et doctorant en océanographie. Leur grande taille et leur organisation en faisceaux ralentissent les courants. Or, ces courants sont chargés de sédiments. Quand ils ralentissent, les sédiments tombent et recouvrent le sol. Si les posidonies n’avaient pas un système pour pallier cet inconvénient, elles finiraient complètement enterrées. » Ces feuilles poussent depuis un réseau de rhizomes, de tiges souterraines et horizontales. Mais pour lutter contre ce phénomène de recouvrement, ces tiges peuvent également pousser verticalement. Par ce mécanisme, le fond de l’herbier monte d’un millimètre par an en moyenne. « Sur 1000 ans, l’herbier aura monté d’un mètre. Dans ce mètre de sédiments, une couche anoxique nommée la matte, les anciens rhizomes, les anciennes racines, et toutes formes de détritus sont capturés à un état presque fossile. Ils ne se décomposent pas et le carbone organique, dont ils sont en partie constitués, reste prisonnier. » |
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