Chasse aux pucerons, une histoire de sexe
Pas de sexe sans puceronsCe moyen de manipulation, Bérénice Fassotte l’a développé en identifiant la phéromone sexuelle émise par les femelles. « Tout le cycle de reproduction de la coccinelle est basé sur la présence de pucerons. Comme nous savons que les insectes communiquent souvent à l’aide de phéromones, nous avons eu l’idée de prélever les odeurs émises par les coccinelles en présence ou non de pucerons pour voir ce que ça allait donner. » L’odeur résultait du mélange de plusieurs molécules qu’il fallait pouvoir distinguer et identifier. L’opération a été menée en deux temps. Une étape de chromatographie en phase gazeuse a permis de séparer les différentes composantes et de mesurer leur proportion, de les quantifier. Ensuite, la spectrométrie de masse a permis d’identifier les différentes molécules du bouquet phéromonal. « Il nous fallait ensuite tester l’influence qu’avait cette phéromone sur le comportement des autres coccinelles, poursuit la doctorante. Alors que les femelles ne répondent pas à l’odeur, les mâles, quant à eux, étaient fortement attirés. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agissait d’une phéromone sexuelle, et pas simplement d’agrégation. Ce sont des phéromones produites par un sexe pour attirer le sexe opposé dans un but de reproduction. » Des molécules qui ne sont émises qu’une fois la table dressée. Ce qui augure de nouvelles questions. Les chercheurs savent que le puceron est un élément clé de la maturation sexuelle chez la coccinelle femelle, et qu’elle ne pond qu’en sa présence. « C’est une forme d’adaptation, relève François Verheggen. Pourquoi la femelle s’épuiserait et perdrait son temps à donner naissance à une progéniture qui n’a rien à se mettre sous la dent ? Mais nous n’avons pas identifié ce qui informe la coccinelle sur la présence suffisante des pucerons. Est-elle capable d’évaluer la quantité de pucerons, d’adapter sa ponte, etc ? » Page : précédente 1 2 3 suivante
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