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L’huître, caisse de résonance
03/03/2015

Les premières huîtres récoltées n’étaient pas habitées. Les scientifiques ont orienté leurs recherches dans l’axe des passes, ces lieux où les eaux de l’océan communiquent avec celles du lagon. Là où les poissons, à l’âge adulte, reviennent et élisent domicile. « C’est là que nous les avons trouvés. Le taux d’infestation avoisinait 30% des huîtres. Nous les avons collectées pour les placer en aquarium. Mais le changement de pression était trop rapide et trop important pour les Onuxodon. Ils étaient tous morts quand nous arrivions à la surface. Nous avons dû trouver un système de remontée moins brutal. » Les huîtres et leurs discrets propriétaires pouvaient enfin être disposés en aquarium.

L’hypothèse d’une fonction reproductive

Des hydrophones, des micros à l’épreuve de l’eau, ont été placés dans les aquariums en même temps que des caméras. Mais aucun son n’était enregistré les premiers jours. « Nous avons tenté plusieurs manipulations, encourageant par exemple plusieurs poissons à se rendre dans une même huître, pour observer leurs réactions. » Rien n’y fit. Les Onuxodon restaient muets. Jusqu’au jour où les chercheurs ont laissé le micro à la nuit tombée. «C’est là qu’on a détecté les sons. Ils étaient même très nombreux, à certains moments. Que ces sons soient émis au crépuscule nous donnait un indice sur une fonction de reproduction, ou en tout cas d’appel, d’attirance d’un partenaire sexuel qui se trouverait à l’extérieur de l’huître. » Quand l’émission de sons a cette fonction chez le poisson, il n’est pas rare qu’elle soit en effet concentrée la nuit. Car selon le cycle de reproduction, si l’accouplement a lieu aux heures plus tardives, il en sera de même pour la ponte. Les œufs gagneront donc le large quand il fera sombre. Ils seront préservés du danger que représentent les prédateurs utilisant la vue pour chasser. Cette hypothèse de la reproduction est d’autant plus robuste que plusieurs espèces proches des Onuxodon mais déjà mieux connues produisent des sons à cette fin.

Une morphologie taillée pour la production de sons

Le mécanisme biologique à l’origine de cette production de sons est assez original et témoigne des capacités d’adaptation des tissus soumis à de fortes contraintes. Chez les Onuxodon, l’avant de la vessie natatoire est « transformé » en une pièce squelettique dure (rocker bone) qui coiffe l’avant de ladite vessie un peu à la façon d’un bouchon sur une bouteille de champagne. Une paire de muscles relie la cavité supérieure de l’œil au rocker bone. La contraction des muscles soniques tire le rocker bone vers l’avant. Lorsque le muscle se relâche, la pièce squelettique recule rapidement contre la vessie natatoire et provoque l’émission du son.

Vues onuxodon fowleri

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