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Vers un nouveau traitement de la thrombose artérielle
25/02/2015

Comment se forme le bouchon ?

Les phénomènes cellulaires qui conduisent à la formation de thromboses sanguines sont de mieux en mieux connus. « En cas de lésions de la paroi des vaisseaux, explique le docteur Cécile Oury (chercheur qualifié du FNRS, GIGA-Cardiovascular Sciences de l’Université de Liège), les plaquettes du sang jouent un rôle déterminant. Elles adhèrent à l’endroit de la lésion, s’activent, s’agrègent et provoquent une cascade de réactions moléculaires qui entraînent la formation d’un caillot, pour « reboucher le trou » en quelque sorte. Ce processus physiologique, dénommé hémostase, est indispensable au maintien de l’intégrité de l’appareil circulatoire, sinon on se viderait de son sang à la première hémorragie. Dans une situation normale, le caillot se résorbe par lui-même et tout rentre dans l’ordre. La thrombose est un dysfonctionnement de l’hémostase, dans la mesure où le caillot ne se désagrège pas et où il finit par former un bouchon. »

Les médicaments les plus utilisés actuellement pour prévenir les thromboses artérielles agissent sur les plaquettes. Ils limitent leur activation et leur agrégation. Le plus connu de ces médicaments est l’aspirine. Pris quotidiennement et à faibles doses (éventuellement combinée à une autre molécule, le clopidogrel commercialisé sous le nom de Plavix), l’aspirine réduit de 25 % les risques de maladies cardio-vasculaires athérosclérotiques. « C’est peu, constate Souad Rahmouni (chercheur qualifié du FNRS, GIGA-Signal Transduction de l’université de Liège), d’autant que ce traitement a des effets secondaires : maux d’estomac, risque d’ulcère, saignements excessifs… » C’est peu dire que la recherche d’un médicament anti-thrombotique plus efficace et avec moins d’effets secondaires intéresse beaucoup les laboratoires publics comme privés.

Trouver une nouvelle cible

Screening moleculaireC’est dans ce contexte que les deux chercheuses du GIGA ont identifié une nouvelle cible, une protéine appelée DUSP-3. Cette protéine, produite à l’intérieur des plaquettes, fait partie de la famille des « phosphatases ». En principe, les protéines de cette famille jouent un rôle inhibiteur de l’activité cellulaire. Mais d’après les recherches menées au GIGA, DUSP-3 aurait plutôt le rôle inverse dans les plaquettes: elle stimule plutôt qu’inhibe, l’activité plaquettaire. Pour en avoir le cœur net, les chercheuses de l’ULg ont conçu une souris génétiquement modifiée, qui ne produit pas la protéine en question. On les appelle les souris knock-out (ici, DUSP-3 KO).

« Nous avons découvert, explique Cécile Oury, que l’activité plaquettaire est inhibée chez nos souris modifiées, privées de la protéine DUSP-3, et qu’elles résistent mieux aux thromboses que les souris normales. Mais surtout, elles ne saignent pas plus, ce qui semble indiquer que les mécanismes d’hémostase primaire sont préservés. Si on trouve un moyen pharmacologique pour bloquer l’activation de cette protéine, on aura peut-être découvert un nouveau médicament anti-thrombotique. »

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