Identité sexuelle : hormones ou génétique ?
Les personnes atteintes du syndrome d’insensibilité aux androgènes sont masculines d’un point de vue génétique mais se sentent profondément femmes. Des tests de rotation mentale ont permis de montrer que ces personnes activent les mêmes aires cérébrales que les femmes pour résoudre ces tâches. Ces travaux, menés par Julie Bakker, maître de recherches du FNRS et chef de projet au GIGA Neurosciences de l’Université de Liège, suggèrent que les hormones sexuelles sont plus influentes que la génétique sur la différenciation sexuelle du cerveau. La puberté, un moment de vérité pas facile à encaisserPour étudier la différenciation sexuelle du cerveau, Julie Bakker et son équipe travaillent non seulement sur des modèles transgéniques de souris (voir article Un cerveau mâle ou femelle ? Une question d’œstradiol !) mais également sur des modèles humains. Dans le cadre d’une étude récemment publiée dans la revue Cerebral Cortex (1), la chercheuse s’est intéressée au syndrome d’insensibilité aux androgènes (CAIS). Les personnes atteintes de ce dernier sont génétiquement des hommes mais ont une identité sexuelle féminine. « Elles ont un chromosome X et un chromosome Y comme les hommes mais n’ont pas de récepteurs aux androgènes et sont donc insensibles à ces hormones qui jouent un rôle clé dans la masculinisation des tissus et du cerveau », explique Julie Bakker. Le CAIS entraine dès lors une apparence féminine. « En général on se rend compte de ce trouble assez tard, au moment de la puberté lorsque les règles ne se présentent pas », indique la chercheuse. « On découvre alors que ces femmes n’ont pas d’utérus ou d’ovaires mais ont des testicules en position abdominale. Dans la plupart de cas, il leur est conseillé de se faire enlever les testicules et de suivre un traitement aux oestrogènes, des hormones sexuelles femelles ». Si cela leur permet de trancher la question de leur identité sexuelle, ces femmes dépourvues d’une partie des organes génitaux féminins ne peuvent avoir d’enfant…Une réalité très difficile à digérer pour celles qui s’étaient toujours imaginé devenir un jour maman. Les travaux de Julie Bakker visent à mieux comprendre les rouages de la différenciation sexuelle du cerveau de sorte de pouvoir mieux prévenir l’apparition de tels troubles et/ou mieux accompagner et orienter les personnes qui en sont atteintes. (1) Van Hemmen J, Veltman DJ, Hoekzema E, Cohen-Kettenis PT, Dessens AB, Bakker J. Neural Activation During Mental Rotation in Complete Androgen Insensitivity Syndrome: the Influence of Sex Hormones and Sex Chromosomes. Cereb Cortex. 2014 Dec 1. pii: bhu280. |
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