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Identité sexuelle : hormones ou génétique ?
12/02/2015

Les personnes atteintes du syndrome d’insensibilité aux androgènes sont masculines d’un point de vue génétique mais se sentent profondément femmes. Des tests de rotation mentale ont permis de montrer que ces personnes activent les mêmes aires cérébrales que les femmes pour résoudre ces tâches.  Ces travaux, menés par Julie Bakker,  maître de recherches du FNRS et chef de projet au GIGA Neurosciences de l’Université de Liège, suggèrent que les hormones sexuelles sont plus influentes que la génétique sur la différenciation sexuelle du cerveau.

Cranach Adam et EveChanger de sexe le temps d’une journée ? Beaucoup ont déjà au moins une fois émis ce souhait…Pour pouvoir satisfaire leur curiosité, juste le temps de sentir et comprendre ce que cela fait d’être dans la peau d’une fille ou d’un garçon…Mais, naître fille ou garçon, on ne choisit pas. C’est la génétique qui tranche ! Cependant, cette dernière n’est pas infaillible et peut, dans certains cas, mener à des situations où la frontière entre masculin et féminin n’est pas nette.

Ainsi, il arrive que certaines personnes naissent avec des organes génitaux mâles et femelles. On parle alors d’intersexuation. Cette ambiguïté anatomique engendre quasi inévitablement des troubles d’identité sexuelle De plus, la définition du genre ne se limite pas aux organes génitaux que présente un individu. Des personnes ayant toutes les caractéristiques physiques d’un homme peuvent se sentir profondément femme. Car les différences entre hommes et femmes se jouent également au niveau du cerveau. C’est ce qu’on appelle la différenciation sexuelle du cerveau. Celle-ci se déroule lors du développement de l’embryon jusqu’à la puberté. Maître de recherches du FNRS et chef de projet au Groupe de recherche en neuroendocrinologie du comportement au GIGA-neurosciences de l’Université de Liège, Julie Bakker étudie les mécanismes qui sous-tendent la différenciation sexuelle du cerveau afin de mieux comprendre les troubles d’identité de genre.

La puberté, un moment de vérité pas facile à encaisser

Pour étudier la différenciation sexuelle du cerveau, Julie Bakker et son équipe travaillent non seulement sur des modèles transgéniques de souris (voir article Un cerveau mâle ou femelle ? Une question d’œstradiol !) mais également sur des modèles humains. Dans le cadre d’une étude récemment publiée dans la revue Cerebral Cortex (1), la chercheuse s’est intéressée au syndrome d’insensibilité aux androgènes (CAIS). Les personnes atteintes de ce dernier sont génétiquement des hommes mais ont une identité sexuelle féminine.  « Elles ont un chromosome X et un chromosome Y comme les hommes mais n’ont pas de récepteurs aux androgènes et sont donc insensibles à ces hormones qui jouent un rôle clé dans la masculinisation des tissus et du cerveau », explique Julie Bakker. Le CAIS entraine dès lors une apparence féminine. « En général on se rend compte de ce trouble assez tard, au moment de la puberté lorsque les règles ne se présentent pas », indique la chercheuse. « On découvre alors que ces femmes n’ont pas d’utérus ou d’ovaires mais ont des testicules en position abdominale. Dans la plupart de cas, il leur est conseillé de se faire enlever les testicules et de suivre un traitement aux oestrogènes, des hormones sexuelles femelles ». Si cela leur permet de trancher la question de leur identité sexuelle, ces femmes dépourvues d’une partie des organes génitaux féminins ne peuvent avoir d’enfant…Une réalité très difficile à digérer pour celles qui s’étaient toujours imaginé devenir un jour maman. Les travaux de Julie Bakker visent à mieux comprendre les rouages de la différenciation sexuelle du cerveau de sorte de pouvoir mieux prévenir l’apparition de tels troubles et/ou mieux accompagner et orienter les personnes qui en sont atteintes. 

(1) Van Hemmen J, Veltman DJ, Hoekzema E, Cohen-Kettenis PT, Dessens AB, Bakker J. Neural Activation During Mental Rotation in Complete Androgen Insensitivity Syndrome: the Influence of Sex Hormones and Sex Chromosomes. Cereb Cortex. 2014 Dec 1. pii: bhu280.

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