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Les Bryophytes ont bien évolué !
15/01/2015

Quand les forêts de plantes à fleurs offrent de nouveaux habitats

Une des hypothèses qui permettraient d’expliquer ce boom de diversification après le Crétacé repose sur l’apparition des premières forêts de plantes à fleurs à cette période. « Ces forêts auraient permis de créer de nouveaux habitats pour les plantes déjà existantes et pourraient dès lors être à l’origine de cette grande diversification des bryophytes », explique Benjamin Laenen. L'analyse de l’arbre phylogénique élaboré dans le cadre de cette étude montre également un second boom de diversification des bryophytes il y a environ 30 millions d’années. « Ces résultats prouvent que les mousses et hépatiques continuent d’évoluer même si ce sont des plantes très anciennes et que les espèces actuelles sont morphologiquement fort semblables aux espèces fossiles », poursuit le scientifique. Ce n’est donc pas parce qu’il est difficile de faire la différences entre une mousse d’aujourd’hui et une mousse d’il y a 200 millions d’années que ces plantes n’ont pas évolué ou que leur évolution est plus lente. Les espèces de bryophytes continuent de se créer et les espèces actuelles sont récentes. « Nos résultats permettent donc de réfuter l’idée que les bryophytes sont menacées par les plantes plus récentes. Ce n’est pas le cas, elles co-évoluent », précise Benjamin Laenen. Les recherches de ce dernier ont également permis d’étudier l’impact du type de système sexuel (hermaphrodite/sexes séparés) des mousses sur leur diversification. Ces travaux feront bientôt l’objet d’une autre publication…

Le rôle écologique des bryophytes

Pourquoi étudier les bryophytes ? « C’est une question que l’on me pose souvent », répond le chercheur, amusé. « Tout d’abord simplement parce qu’elles sont mal connues et qu’elles ont été les plantes terrestres pionnières. Elles se sont donc développées dans des conditions bien différentes de celles que l’on connaît aujourd’hui et se sont adaptées au fil du temps », explique Benjamin Laenen. « Mais aussi, par exemple, parce que la végétation du Grand Nord est principalement composée Hypnum Compresiformde sphaignes qui constituent le plus grand puits de carbone dans cette partie du globe », indique-t-il. « De plus, les bryophytes participent activement à la régulation et l’épuration de l’eau, à la protection des sols contre l’érosion ou encore à la production de biomasse, notamment via les tourbières ». Elles jouent donc un rôle écologique crucial. Souvent utilisées comme bioindicateur de pollution, les bryophytes y sont très sensibles et sont menacées par la pollution croissante due à l’industrialisation. Pas forcément emblématiques, les bryophytes ont donc tout de même de bonnes raisons d’attirer l’attention des scientifiques et de toute personne s’intéressant à l’histoire et à l’avenir de notre planète…

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