Abus sexuels et délinquance
Pourquoi certaines adolescentes victimes d’abus sexuels s’engagent-elles dans la délinquance alors que d’autres parviennent au contraire à mener une vie épanouie ? Fabienne Glowacz, chargée de cours à l’Université de Liège, a voulu identifier les facteurs qui orientent vers une trajectoire de vie plutôt qu’une autre. A partir d’entrevues avec 23 jeunes filles ayant été victimes d’abus sexuel, elle a pu en mettre plusieurs en évidence, dont l’importance du soutien paternel lors de la révélation des violences sexuelles. Un paramètre qui avait été ignoré jusqu’à présent. Parole libéréeDivers organismes (médical, féministes, associatif, SOS enfants, ….) ont œuvré à la reconnaissance des violences intrafamiliales et de la maltraitance faite aux enfants. Et puis l’affaire Dutroux est passée par là. Ce qui aura permis plusieurs avancées sociales : reconnaissance de la problématique, évolution des procédures juridiques et judiciaires, amélioration de la prise en charge des victimes par les services de police, création de dispositifs d’aide clinique et psychologique pour les victimes et les auteurs d’agression sexuelle, … Puis, surtout, cette libération de la parole. Même s’il reste encore du chemin à parcourir. « Malgré tout ce qui a été mis en place en matière de sensibilisation et de prévention, les enfants et adolescents, enfermés dans les dynamiques relationnelles avec l’agresseur, sont comme privés de leur parole, elles ont peur de parler, reconnaît Fabienne Glowacz. J’ai encore récemment reçu en consultation une jeune fille abusée par son beau-père, qui me disait qu’elle a longtemps pensé que c’était normal, son beau-père le lui répétait depuis des années, que c’est comme ça qu’on aime sa belle-fille … Le pouvoir de l’abus sexuel se construit sur base de mots qui créent la confusion chez l’enfant ; le pouvoir de l’abus repose sur le leurre dans lequel l’enfant est placé, et sur le secret qui lui est imposé pour ne pas en parler » explique la psychologue. Heureusement, toutes les jeunes filles abusées ne présentent pas de troubles psychologiques. Certaines (entre 20 et 40% d’entre elles selon les études) réussissent à se construire une vie épanouie malgré les épreuves. Elles sont celles que l’on nomme « résilientes ». Mais sur quoi se fonde cette résilience ? |
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||