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Agritourisme : la nouvelle vache à lait des agriculteurs ?
21/11/2014

agritourisme wallonEtape suivante dans l’étude de la jeune Liégeoise : construire un modèle qui montre un lien fort entre les types d’agritourismes et les types de campagnes. « Je voulais circonscrire des régions agritouristiques. Mais c’est en fait très compliqué car cela va dans tous les sens. Oui, il existe certains liens, mais il n’est pas possible de régionaliser. J’ai néanmoins pu mettre des liens en évidence, en combinant certains types d’agritourismes et une typologie des types de campagnes restreints (culture, élevage, mixte, forêts) auxquels j’ai ajouté d’abord des facteurs liés à l’accessibilité, à la destination touristique et au milieu agricole et ensuite des filtres de développement comme la concurrence du marché résidentiel », explique-t-elle. Ainsi, dans les régions orientées fortement vers la culture, comme la Hesbaye, l’agritourisme se développe moins souvent en vertu du fait que les touristes sont généralement désireux de voir de l’activité agricole, et de préférence des animaux. Par conséquent, dans ces régions, l’agritourisme est plutôt axé vers la gastronomie ou la location de salles. A l’inverse, des régions fort vallonnées comme l’Ardenne sont plutôt orientées vers la sylviculture. Les exploitants agritouristiques mettent alors en avant le côté sportif, l’aventure et le dépassement de soi.

Enfin, le type mixte semble être le cas idéal pour se développer. L’agriculteur peut effectivement miser sur plusieurs tableaux : contact avec les animaux, découverte des cultures, promenades balisées, etc. Le Condroz et le Pays de Herve sont très propices au développement de ce type d’agritourisme, tourné vers une clientèle familiale demandeuse

Les agriculteurs ne sont pas forcément conscients des liens évoqués précédemment. Leur raisonnement repose sur d’autres facteurs plus évidents. Dans un premier temps, il s’agit de bien se positionner par rapport à son budget. « Il faut voir ce qu’on peut faire avec son argent. Investir dans un gîte, c’est comme investir dans une maison, ce n’est quand même pas rien », précise Charline Dubois. Les agriculteurs se posent ensuite diverses questions pratiques : Est-ce qu’on a des bâtiments libres ? Quelle est leur grandeur ?  Qu’est-ce qu’on a envie de faire ? Est-ce qu’on a envie de voir des gens ? Plutôt gîte ou chambre d’hôtes ? Est-ce que la région est touristique ? Est-ce que la région est au calme ou pas ? « Là, ça se complique, affirme Charline, car certaines personnes préféreront des vacances dans un endroit perdu alors que d’autres souhaiteront rester dans une région dynamique et facilement accessible ».

Après avoir fait le tour du potentiel physique, c’est le potentiel humain qui entre en jeu. Les aptitudes et qualifications de chacun des membres de la famille sont passées au crible. « Si on est agriculteur, on n’a pas fait l’école hôtelière », déclare la chercheuse, en toute logique. « En revanche, si la compagne est restauratrice, il est alors judicieux de s’orienter vers le pôle gastronomique. De même, si la compagne est institutrice et qu’il y a des gros bâtiments à disposition, il peut être intéressant de développer une ferme pédagogique », ajoute-t-elle.

Pour encourager davantage l’investissement, les agriculteurs peuvent compter sur les subsides du gouvernement. Il existe également des partenaires (Accueil Champêtre en Wallonie et l’Association pour la Promotion du Tourisme Rural au Grand-Duché) qui se chargent, moyennant une cotisation annuelle, de gérer la promotion de l’activité et de donner des conseils, tant au niveau législatif qu’au niveau de la déco, avant de se lancer dans l’aventure.

Le rat des villes et le rat des champs

Qui attirer sous son toit ? Le citadin ou le campagnard ? A vrai dire, l’un et l’autre. Il n’existe pas un profil particulier de touristes fréquentant l’agritourisme. Néanmoins, certaines caractéristiques sont plus favorables à la pratique de ce type de tourisme. L’expérience est très souvent vécue en famille, le temps d’un long week-end de détente, et ce peu importe le moment de l’année. Derrière ce volet de vacances au calme, intervient l’aspect pédagogique. D’après Charline Dubois, « les parents, qu’ils soient originaires de la ville ou de la campagne, souhaitent apprendre quelque chose à leurs enfants, tout en (re)découvrant parfois eux-mêmes leurs racines ».

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