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Nouvelle menace pour la couche d’ozone ?
05/11/2014

Le tournant de 1987

Evolution concentration chlorePendant plus de dix ans, les recherches liées à la destruction massive de la couche d’ozone vont s’enchaîner et tirer la sonnette d’alarme. Non seulement le chlore détruit notre meilleure protection contre le soleil, mais en plus, son émission est principalement d’origine humaine. Industrielle, plus exactement. En 1987, les experts et les autorités publiques de plusieurs nations se regroupent au Québec et signent le protocole de Montréal. Le traité met en place un calendrier d’élimination des CFC, et plus largement, des produits industriels composés des gaz chlorés et bromés dont le cycle catalytique détruit l’ozone. L’ambition est de rétablir une concentration d’ozone optimale. Mais les premières mesures ne sont pas suffisantes. Jusqu’en 2007, le protocole est amendé ou ajusté à plusieurs reprises. A la liste des produits interdits s’en rajoutent d’autres.

« L’humanité a fermé le robinet, illustre Emmanuel Mahieu. Dès lors que nous n’émettions plus ces gaz, assez logiquement, nous nous attendions à voir une diminution de la présence d’HCl dans la stratosphère. » Et c’est ce qui s’est produit. Parmi les obligations imposées par le protocole, une évaluation de la situation doit être faite tous les quatre ans (2). Un rapport complet destiné tant aux scientifiques et aux preneurs de décisions qu’à un public curieux. La communauté scientifique internationale se doit donc de suivre de très près l’évolution de la couche d’ozone, et note depuis 1995 une décroissance du HCl, d’approximativement 1% par an. Ce qui ne semble pas grand-chose. Mais les CFC étant très stables, ils peuvent rester plusieurs décennies dans l’atmosphère, et continuer de créer du chlorure d’hydrogène pendant de nombreuses années avant de disparaître complètement.

L’augmentation inattendue d’HCl dans l’hémisphère nord

C’est dans ce contexte général qu’à partir de 2007, Emmanuel Mahieu observe contre toute attente une nouvelle croissance du HCl dans l’hémisphère nord. « Ce qui était assez contradictoire, souligne le chimiste. Alors qu’il y avait une diminution d’émission des sources génératrices du HCl dans l’atmosphère, sa concentration augmentait à un endroit particulier. C’est en comparant ces données avec celles d’autres observatoires que nous avons pu isoler cette tendance à l’hémisphère nord. Au sud, aucun site n’avait relevé ce phénomène. » La première réaction du chercheur a d’abord été de contacter un réseau d’observateurs autour du globe pour voir s’ils avaient détecté une augmentation des sources d’émission du chlore. « C’était ma première hypothèse. Depuis le protocole de Montréal, tous les pays doivent rendre compte des gaz chlorés qu’ils utilisent encore. Mais on peut très bien imaginer une émission pirate, qui ne serait pas connue des autorités, ou l’utilisation clandestine d’un stock non épuisé, ou encore la mise en œuvre de nouveaux composés. Nous avons tout de suite pensé aux pays plus polluants, qui se trouvent dans l’hémisphère nord. » Mais les observations étaient sans équivoque. Personne n’a pu relever une augmentation des sources de gaz chlorés. Emmanuel Mahieu s’est alors penché sur sa deuxième hypothèse. Le phénomène devait être lié à une variation de la circulation atmosphérique.

(2) Scientific assessment of ozone depletion, le dernier en date remontant à 2010, et celui de 2014 étant toujours sous embargo.

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