Un gène, une protéine, trois pathologies concernées

A côté de son rôle dans la progression tumorale, la protéine KIAA1199 intervient également dans des pathologies bien différentes : certaines surdités congénitales et des maladies inflammatoires chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde. « Dans le premier cas, la protéine ne fonctionne pas correctement et dans le second cas, elle est surexprimée », indique Alain Chariot. « Nos travaux sont donc susceptibles d’intéresser les équipes de recherche qui étudient les mécanismes à la base des pathologies cancéreuses, inflammatoires et des lésions de l’oreille interne ». Partis d’une recherche fondamentale sur une maladie génétique, le scientifique et ses collègues ont avancé pas à pas, guidés à la fois par leurs intuitions et leurs observations, et ont mis en lumière un acteur moléculaire et les conséquences d’une dérégulation de sa fonction dans des pathologies à priori très éloignées. Réalisés notamment grâce au soutien du WELBIO, du FNRS, du Télévie et de la Fédération belge contre le cancer et du Centre Anti-Cancéreux, ces travaux se poursuivent aujourd’hui avec la collaboration de deux laboratoires supplémentaires de l’ULg. « Nous avons lancé une collaboration avec les équipes du Professeur Brigitte Malgrange du GIGA-Neurosciences et du Professeur Michel Malaise du service de Rhumatologie au CHU de Liège », reprend Alain Chariot. « Nous continuerons sur l’aspect cancérologie, l’équipe du Professeur Malgrange sur l’aspect surdité congénitale et celle du Professeur Malaise sur le rôle de KIAA1199 dans la polyarthrite rhumatoïde ». Les chercheurs vont, entre autres, générer des modèles de souris dans lesquelles le gène codant pour KIAA1199 sera invalidé afin d’observer si cela provoque un retard dans le développement des tumeurs mammaires ou de la polyarthrite rhumatoïde. « Nous pensons que d’une manière ou d’une autre, la connexion avec l’EGFR ou avec les autres membres de cette famille a toujours son importance dans ces trois maladies. Nous travaillons à vérifier cette hypothèse », conclut Alain Chariot.