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Derrière l'IRM, se cachait une physicienne...
06/10/2014

Ecoutez le silence...

Image DTISi Elodie André a montré, à travers son étude, qu'il importait de faire attention aux bruits qui influencent les résultats finaux, elle ne se contente pas de ce constat. "Il est facile d’implémenter notre méthode de correction, qui est actuellement utilisée en routine au Centre de Recherches du Cyclotron. L'objectif est à présent de la distribuer plus largement, afin que tout le monde l’utilise." Pour parvenir à cet objectif, en collaboration avec d'autres laboratoires (à Londres et à Lausanne), une toolbox (boîte à outils) est en voie de conception. Son protocole et ses codes devraient permettre de se servir de la méthode dans tous les services faisant appel à l'IRM, et de bénéficier ainsi d'une version optimale et commune de correction du bruit. Le tout, sans être physicien. 

Cette généralisation permettrait de mettre fin à l’une des difficultés actuelles : en l’absence de méthode standard utilisée par tous, chaque groupe produit des résultats « locaux », dépendant  des modes d’acquisition et de traitement des données locaux, et qu’il est impossible de comparer avec ceux obtenus par le groupe voisin. "En standardisant les méthodes, on permettrait de comparer et même combiner plus aisément les résultats des différents laboratoires", plaide Elodie André.

« Nous avons d’une part les ingénieurs et physiciens, qui développent et automatisent des outils informatiques permettant de tirer le maximum des technologies à dispositions pour les applications médicales, et d’autre part les médecins avec leur grande expertise de terrain, basant leur diagnostic sur l’analyse visuelle des images. Souvent un côté semble complètement opaque à l’autre. Combien de médecins programment un ordinateur ? Combien de physiciens peuvent reconnaître le corpus callosum ou la substantia nigra ? Et pourtant leur interaction est indispensable. Par exemple, l’outil développé par les uns pour contrôler la qualité des images, se basera sur l’expertise des autres pour ne pas confondre artéfacts et pathologie réelle. Multidisciplinarité !

Malheureusement, dans les hôpitaux, faute de temps et de moyens, peu de place est faite à l’ajustement des protocoles et à la formation des équipes médicales pour l’utilisation des outils développés par les équipes  de recherches. Souvent les capacités des machines sont sous-exploitées, on se contente de protocoles de routine, souvent dépassés. Certes les protocoles en place dans les hôpitaux et l’expertise des médecins permettent de poser rapidement un diagnostic pertinent. Cependant, les physiciens et le support qu’ils peuvent apporter dans cette aventure ont encore de beaux jours devant eux, aidant à éviter les erreurs d'interprétation (erreur humaine !), améliorer la reproductibilité et la robustesse des résultats, exploiter davantage des techniques disponibles et tirer parti des nouvelles aussitôt qu’elles sont disponibles. » 

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