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Quand le digital envoie le microscope au placard
17/09/2014

Au-delà du CHU, un enjeu international

CytomineAyant séduit la faculté de médecine de l’ULg, Cytomine est prête à s’étendre au-delà de la butte du Sart Tilman. Et les accueils enthousiastes ne tardent pas à se profiler. « Dans le domaine pharmaceutique, le Breast International Group (BIG) s’est montré intéressé par notre plateforme, raconte Benjamin Stévens. Ils concentrent leurs recherches contre le grade le plus sévère du cancer du sein, et face auquel la science n’a pas vraiment progressé depuis les vingt dernières années. Le BIG a donc lancé Aurora, un projet international, pour notamment récolter, classer et analyser 13.000 lames sur 1.300 patientes Européennes. Nous allons leur fournir notre plateforme d’imagerie. » Cette lutte contre le cancer ne peut se faire qu’à un niveau international. Impossible en effet de récolter une base de données représentatives sur un seul pays comme la Belgique. Il n’y a pas assez de patients. Des moyens de communication, de partage et de stockage centralisés et faciles d’accès deviennent une priorité.

Un autre cas d’utilisation est encore l’établissement d’une biobanque, ou d’une tumorothèque, regroupant et classifiant les échantillons de différentes études au fur et à mesure qu’ils sont numérisés. « Nous sommes en contact avec d’autres centres de recherches de tailles importantes. Ces centres de recherche contre le cancer accueille beaucoup de chercheurs pour deux ou trois ans. Chacun prélève des centaines d’échantillons pour leurs études, qui finissent dans des tiroirs, sans qu’il n’y ait de traçabilité de ces lames. Les centres veulent mettre un terme à ce gâchis. Ils numériseront systématiquement leurs prélèvements, et auront besoin d’un logiciel comme le nôtre pour tracer leurs activités et alimenter leur biobanque. Cette biobanque pourra servir les recherches futures, notamment en diminuant leur coût, et en limitant le besoin de production de nouvelles lames. »

Vers le monde de l’entreprise

Face à ces besoins partagés par tous, les instigateurs du projet sont encouragés à sortir le projet de son cocon strictement universitaire. Le logiciel est maintenant suffisamment robuste pour vivre une mutation plus commerciale. Raphaël Marée restera au sein de l’ULg pour continuer de développer les algorithmes d’analyse d’images et la plateforme, et poursuivre le développement de ses aspects pédagogiques. Benjamin Stévens, lui, va étendre le projet vers une autre voie. « Nous sommes porteurs d’un projet First Spin-off qui devrait voir le jour à la fin de l’année 2014. La finalité sera d’aller au plus près du client, de l’installation à la spécialisation du logiciel, pour répondre aux attentes de chacun. Nous offrirons de l’espace de stockage, des développements spécifiques en fonction des besoins… Outre ce rapport au client, la Spin-off sera un label de qualité. »

Le succès semble au rendez-vous pour Cytomine, qui commence même à sortir du domaine biomédical. « Des groupes issus de domaines variés demandent des accès à la plateforme pour ses qualités de stockage et de classification. Il y a des dentistes, des géologues, des vétérinaires. On peut imaginer que le logiciel pourrait aussi être utile en astronomie, en botanique, ou en géospatial. Dérivé de la cartographie numérique pour y retourner, ce serait une belle boucle, non ? » En attendant, Cytomine continue son chemin dans le domaine biomédical et a encore du pain sur la planche. « La pathologie digitale reste un luxe, conclut Benjamin avant de livrer un dernier exemple des possibilités de la spin-off. Les scanners sont très chers, la technologie n’est pas toujours disponible… Nous voulons offrir de la pathologie digitale low cost. Pour l’utiliser, il suffit de créer un compte. Quant à la numérisation, les clients de la plateforme n’auront pas spécialement besoin d’investir dans un scanner pour des utilisations ponctuelles. Il leur suffirait de livrer leurs échantillons, que nous pourrions scanner au laboratoire de biologie des tumeurs et du développement localisé au CHU de Liège (nous avons une capacité de scan de 1000 lames/jour), et ils recevraient des liens pour les visualiser en ligne. »

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