Le site de vulgarisation scientifique de l’Université de Liège. ULg, Université de Liège

Des enfants incarcérés avec leur mère
11/09/2014

La partie émergée de l’iceberg

Par ailleurs, la détention n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le contexte socio-économique, psychologique ou familial des détenues est bien souvent complexe. Par conséquent, les enfants eux-mêmes sont confrontés à de nombreuses difficultés. Ils devraient donc bénéficier d’une prise en charge globale et adaptée. Mais les secteurs d’aide à la jeunesse manquent de moyens...

Enfin, une meilleure communication doit être instaurée afin que les mères soient au courant de ce qui existe déjà.  A Berkendael, les mères rencontrent dès leur arrivée en prison le relais enfants-parents. A Lantin, ce n’est pas le cas. Et les mères ignorent souvent son existence. “Les détenues ne sont pas au courant de ce qui existe ni de qui fait quoi. Tous les rôles sont confondus. Il faut dire qu’au sein d’une même prison, les mêmes acteurs ne font pas tous les mêmes choses. C’est du bricolage. Il faudrait essayer de structurer cela davantage car autrement c’est trop variable. Aujourd’hui, tout dépend des bonnes volontés. Si la directrice de Lantin (qui est proactive) s’en va, tout peut changer ”,  souligne Salim Megherbi.

A l’étranger

Quatre initiatives existant à l’étranger sont mises en évidence dans le rapport. De quoi peut-être inspirer les décideurs en Belgique. Au Royaume-Uni, les parents incarcérés peuvent enregistrer des histoires gravées ensuite sur un cd. L’enfant dispose d’une histoire contée juste pour lui et il peut écouter la voix de son père ou de sa mère lorsqu’il le souhaite.   

Dans l’Etat de l’Illinois, certaines prisons sont équipées de systèmes de vidéoconférences afin que les communications entre le parent et les enfants combinent son et image.

Au Danemark, des responsables d’enfants sont formés pour accompagner les enfants voir leurs parents en prison.

Enfin, en Pologne, lors de l’arrestation d’un parent, il est obligatoire d’emmener au préalable l’enfant dans une autre pièce. Alors qu’en Belgique, il est courant que l’enfant assiste à l’arrestation de son père ou de sa mère.  

Efforts consentis

Mais tout n’est pas noir non plus. Des efforts ont déjà été consentis et des mesures ont été prises. Ainsi, certains agents pénitentiaires sont sensibilisés à la présence d’enfants dans les prisons. Peut-être serait-il bon, notent les auteurs, de former d’autres agents à cette problématique particulière.

Des aménagements ont également été réalisés dans certaines prisons. Enfin, en dehors du milieu carcéral, l’enfant est placé au centre des préoccupations. C’est le cas notamment dans les crèches de l’ONE où des places leur sont réservées.
Finalement, peu d’enfants sont concernés par l’incarcération de leurs mères. Mais leurs problèmes sont à ce point spécifiques qu’ils ne peuvent être oubliés.

Notons encore qu’un projet est en cours. Toutes les mères avec enfants seraient réunies dans une unité mère-bébé dans la nouvelle prison de Haren (encore à l’état de projet). “C’est un projet intéressant si ce n’est qu’il va poser des problèmes pour les visites. Pour les familles qui vivent loin de Haren”, note Salim Megherbi.

Enfin, l’étude a soulevé d’autres questions qui mériteraient d’être investiguées. Que deviennent les enfants ayant vécu un moment en prison avec leurs mères par exemple? Il faudrait pour cela un suivi au moins à moyen terme. “Nous en avons un peu discuté avec le secteur de la jeunesse mais rien de systématique n’est prévu. Cela dépend des bonnes volontés des gens concernés”, conclut Salim Megherbi.

Page : précédente 1 2 3 4

 


© 2007 ULi�ge