Des enfants incarcérés avec leur mère
Un double jugementAvoir son enfant en prison peut être une source de stress pour les mères. “Si l’enfant pleure, elles sont directement qualifiées de mauvaises mères”, confie Stephanie Linchet. “Elles sont déjà surveillées en tant que détenues; ce qui est normal. Mais elles sont aussi surveillées en tant que mère”, confirme Salim Megherbi. Et ce tant par les autres détenues que par le personnel de la prison. Soutien à la parentalitéPar ailleurs, un service existe pour aider les mères à gérer leur parentalité. Celui-ci s’appelle Relais-enfants-parents. C’est un service financé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. “Les membres de ce service ont un rôle de soutien à la parentalité. Ils organisent les visites des enfants à la prison au moment de la Saint-Nicolas, Noël ou la fête des mères par exemple. Ils organisent aussi les visites entre les parents et les enfants et voient s’il y a un soutien à apporter”, précise Stephanie Linchet. Le problème c’est qu’ils ne sont que 8 ou 9 pour toute la Fédération Wallonie-Bruxelles et qu’ils travaillent autant avec les pères qu’avec les mères incarcérés. “Ils ne sont pas assez nombreux. Comme toutes les associations, celle-ci manque de moyens. Et leurs subsides devraient encore diminuer alors que le nombre de détenus ne cesse d’augmenter. Une dizaine d’employés pour tous les détenus parents, ce n’est pas assez”, souligne Salim Megherbi. Pas assez que pour permettre un accompagnement personnalisé. “Tous les détenus parents ont droit à un accompagnement pour les visites collectives mais pour l’accompagnement individuel, il y a des listes d’attente”, commente Stephanie Linchet. Manque de protocole pour le suivi de la grossesse et l’accouchement, des conditions non définies pour l’accueil des enfants en prison, manque d’accompagnement des mères détenues, le bilan n’est pas rose. RecommandationsLes deux auteurs espèrent que leur étude fera prendre conscience aux décideurs de la situation des mères incarcérées et de leurs enfants. Pour les aider dans leur prise de décision, ils émettent quelques recommandations. Concernant la grossesse et l’accouchement, les auteurs estiment que « s’il y avait une procédure claire et connue de la structure carcérale (tenant compte de divers cas de figures comme le degré́ de dangerosité́ de la détenue), les conditions et l’égalité́ de traitement seraient améliorées ». Notons qu’un tel protocole existe déjà à Lantin. Pour l’instant, ce sont les futures mères qui doivent bien souvent se débrouiller pour faire respecter leurs droits. Stephanie Linchet et Salim Megherbi plaident également pour la création d’un quartier spécifique d’accueil au sein des prisons où séjournent des enfants. En effet, la logique sécuritaire prime logiquement en prison mais celle-ci est bien souvent contradictoire avec la logique sociale. Créer un tel quartier spécifique permettrait de donner plus d’espace aux relations entre les mères et leurs enfants. Autre élément: le caractère imprévisible de la détention (durée de la peine, transfert...) complique l’accompagnement psycho-social dont peuvent bénéficier les mères ou leurs enfants. Les transferts peuvent interrompre les liens. Et les informations concernant les enfants ne sont pas toujours transmises d’une prison à l’autre. Dès lors, le personnel d’accompagnement doit parfois repartir d’une page blanche. |
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