Vendetta en Hesbaye liégeoise
Quant aux ‘grandes’ batailles, ici aussi, il faut brider quelque peu son imagination. « Il n’y a pas d’utilisation d’armes de siège car les objectifs sont trop restreints. Mais on peut insister sur le fait que ces guerres-là se font à cheval. On est encore à l’époque de la chevalerie triomphante. C’est une question de rapidité et d’efficacité. Il existe certes des fantassins, bourgeois ou roturiers, mais ils sont souvent là parce qu’ils doivent un service à leur seigneur ; leur rôle n’est pas capital. Ces corps de fantassins ne sont que rarement capables de renverser les événements. Souvent, la bataille tourne au combat singulier. Il faut se mesurer à celui qui est son pire ennemi. C’est la logique du combat chevaleresque tel qu’on le connaît à travers la chanson de geste ou le roman. » VendettaA lire dans l’ouvrage de Christophe Masson les nombreuses péripéties des trente années de conflit, on songe évidemment à une vendetta interminable transmise de pères en fils et dont les protagonistes ont oublié la cause depuis longtemps. « C’est exactement cela, explique l’historien liégeois. Et ne croyez pas que c’est réservé aux régions du Sud ; la vendetta existe dans toute l’Europe. C’est presqu’une institution inscrite dans les mœurs de l’aristocratie et même de la roture. Dès lors que vous subissez un tort, il est admis que vous répariez ce tort vous-même, sans passer par une institution centrale. Il y a évidemment des limites ; certains cas sont réservés au pouvoir épiscopal ou princier temporel. Mais dans le cas de l’aristocratie, dès lors qu’il y a un meurtre par exemple, il est licite de prendre les armes et d’aller venger la victime. C’est évidemment une pratique contre laquelle les princes essaient de lutter car cela dépeuple et affaiblit l’aristocratie alors qu’ils en ont besoin pour leurs armées. Mais c’est un combat de longue haleine. » Pourtant, la guerre des Awans et des Waroux va avoir une conséquence dans ce domaine aussi. L’issue du conflit est en effet marquée par la création par le prince-évêque en 1334 d’un tribunal responsable du règlement de ces querelles pour éviter qu’elles ne dégénèrent en guerres familiales. Un tribunal immédiatement rejeté par la noblesse car il confie en grande partie les jugements à des bourgeois plutôt qu’à des nobles. Pour ces derniers c’est une insulte et, en réaction, ils organisent eux-mêmes leur tribunal, bientôt reconnu par Adolphe de La Marck. Appelé Tribunal des Douze car il est constitué d’autant de juges, tous nobles, six de chaque parti, il devient une institution dépendant du prince-évêque. Le fait qu’au départ il ne soit constitué que de nobles appartenant aux deux lignages impliqués dans la conflit montre bien l’importance de la noblesse hesbignonne à cette époque en Principauté : il semble n’y avoir guère eu de place pour d’autres familles ! Le tribunal disparaît en 1467 lorsque Charles le Téméraire, après sa victoire de Brusthem, supprime la presque totalité des institutions liégeoises. Page : précédente 1 2
|
|
|||||||||||||||||||||
© 2007 ULi�ge
|
||