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Lettre ouverte - Quentin Michel

Par Quentin Michel

Chers chefs d’Etats ou de gouvernements des Etats membres de l’Union européenne,

Je dois bien admettre que les déclarations sur le choix du futur Président de la Commission européenne par certains d’entre vous et, en particulier, la mise à l’écart des candidats retenus par le Parlement européen me laisse perplexe.

Il est vrai que le Traité sur l’Union européenne ne vous impose pas formellement de choisir le candidat vainqueur aux élections européennes et que son texte conserve une certaine ambiguïté dans sa formulation. En effet, la phrase contraignant le Conseil européen a tenir « compte des résultats aux élections européennes » lorsqu’il propose le Président de la Commission au Parlement permet plusieurs interprétations. Toutefois, la Déclaration 11 au Traité de Lisbonne, le discours du Président Barroso en septembre 2012 et la résolution de novembre 2012 du Parlement européen laissaient à penser que pour renforcer la légitimité citoyenne, le choix du Président de la commission serait désormais lié à celui des électeurs. La plupart des partis politiques européens ont d’ailleurs relevés le défi en désignant leur candidat à la présidence et même si le débat électoral ne fut pas particulièrement intense, on a pu assister pour la première fois à une confrontation d’idées entre certains d’entre eux.

Tout au long de la campagne, je n’ai pas lu ni entendu de déclaration du Conseil européen dont vous êtes les membres contestant ou minimisant l’affirmation, mainte fois répétées, que le futur Président sera celui qui, parmi les candidats, emporterait l’adhésion des électeurs européens.

Ecartés d’emblée au lendemain de la proclamation des résultats, les candidats vainqueurs, Jean Claude Juncker (PPE), Martin Schultz (PED) ou Guy Verhofstadt, selon l’interprétation des résultats et des alliances possibles, me semble faire preuve de mépris pour ceux qui comme moi ont cru aux discours et débats exposés tout au long de la campagne.

Je m’étonne aussi d’entendre certains d’entre vous exprimer leur véto sur le choix de certains candidats laissant supposer que sans leur accord individuel la décision ne sera pas.

 

commission-europeenne drapeaux

Le pouvoir de certains membres du Conseil serait-il à ce point exorbitant que seul l’unanimité sera recherchée même si la majorité qualifiée requise par le Traité suffit ?

Si le choix du successeur de Herman Van Rompuy à la Présidence du Conseil européen relève logiquement de votre seule compétence, il n’en va pas de même pour le Président de la Commission. Quelque soit celui que vous proposeriez, il lui faudra, pour être élu, obtenir un vote d’approbation du Parlement européen. Je m’interroge sur la volonté de ce dernier d’approuver un candidat qui n’est pas un de ceux qu’il a retenus. Certes les élections ont vu les eurosceptiques gagner en voix et sièges dans certains Etats membres mais la vaste majorité des électeurs a voté, consciemment ou pas, pour un parti qui proposait un candidat au poste de Président de la Commission.

J’espère sincèrement que les consultations engagées par le Président du Conseil européen que vous avez mandaté le 27 mai dernier permettront de retenir un candidat en conformité avec ce qui a été affirmé tout au long de la campagne électorale européenne et pour lequel les citoyens ont exprimé leur préférence.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire 

 


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