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Découverte d’anneaux autour d’un astéroïde
23/05/2014

Chariklo Satellite Berger
Pour bien comprendre la différence entre comète et astéroïde, un petit saut dans le passé s’impose. Au moment de la formation du système solaire, une grande nébuleuse de gaz et de poussière s’est contractée pour former un gigantesque disque autour du soleil, le disque protoplanétaire. Cette poussière s’est agglutinée jusqu’à former des planetésimaux, des astéroïdes allant de quelques mètres à plusieurs centaines de kilomètres de diamètres. En continuant de s’entrechoquer, ces astéroïdes ont fini par former les planètes que nous connaissons aujourd’hui. « Il reste de cette époque la ceinture d’astéroïdes, qui en compte des millions qui ne se sont pas agglutinés, et qui sont en orbite relativement stable entre Mars et Jupiter. Ils sont principalement constitués de roche. Les astronomes en ont découvert environ 400 000 de plus de 100 mètres de diamètre, et nous pensons qu’il doit y en avoir plus de un million. Mais beaucoup plus encore ont une taille inférieure. »

A cette époque a également été formée la ceinture de Kuiper, une zone située au-delà de Neptune, dans des régions bien plus froides et qui regroupe des astéroides de glace qu’on appelle « les objets transneptuniens ». « A cette distance, nous ne pouvons observer que les plus gros spécimens. Les astronomes en ont découvert un bon millier depuis 1992 grâce a des télescopes toujours plus performants. Tous ont un diamètre de plus de 100 kilomètres et nous pensons que des millions de comètes plus petites s’y trouvent également mais elles sont trop petites pour être vues directement. De temps en temps, suite à une instabilité, l’une d’entre elles « se décroche » de son orbite et passe dans notre ciel. Sa proximité soudaine avec le soleil fait sublimer sa glace en surface, ce qui donne sa chevelure et sa queue. Bien au-delà de la ceinture de Kuiper, à une année-lumière, se trouve enfin le nuage d’Oort, un réservoir sphérique centré sur le Soleil qui serait constitué de milliards de comètes, qui orbitaient il y a bien longtemps entre les planètes géantes. » Mais il y a un peu plus de 4 milliards d’années, une instabilité gravitationnelle créée par une résonance entre Jupiter et Saturne a réagencé les planètes, éjectant ces milliards de comètes aux confins du système solaire, créant ce fameux nuage.

Et si l’origine des anneaux était ailleurs ?

Les petits corps du système solaire sont donc bien des résidus de la formation du système solaire. « Et de plus en plus, explique l’astrophysicien, la différence catégorique entre comètes et astéroïdes est nuancée. Des astronomes ont découvert des comètes dans la ceinture d’astéroïdes, d’autres affirment que certains astéroïdes contiennent encore de l’eau, il y aurait un continuum entre les deux types d’objets. »

Pour encore davantage brouiller les pistes, entre les deux viennent se loger les centaures, comme Chariklo, mi-astéroïdes, mi-comètes. Ces objets, évoluant entre les planètes géantes et constamment perturbés par leur attraction, ont généralement une orbite plus instable, et se feront probablement éjecter de leur trajectoire d’ici quelques milliers d’années. Ce qui laisse tout de même aux chercheurs un peu de temps pour les scruter sous tous les angles.

« En attendant, le caractère hybride de Chariklo me pousse à imaginer une autre hypothèse pour expliquer l’origine de ses anneaux, revient Emmanuel Jehin. Certains centaures présents dans la même région ont une activité cométaire et, de temps en temps, une queue similaire à la queue des comètes. Sur Chariklo, ça n’a jamais été observé. Mais je me demande s’il n’y aurait pas eu dans le passé une activité cométaire, une forme d’explosion en surface qui aurait dégagé de la matière. Une partie de cette matière aurait pu être piégée et maintenue en orbite. Chariklo est tout de même un astéroïde assez massif. »

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