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Ison : la comète déchue
17/03/2014

Espoirs douchés

« On espérait tous faire de nouvelles découvertes, que ce soit grâce aux nouveaux télescopes dans l’espace ou au sol, détaille l’astronome liégeois. Chaque année, on détecte une trentaine de comètes provenant du nuage d’Oort. Mais les grandes grandes comètes c’est très rare, cela n’arrive qu’une fois tous les 10 ans. Et en 10 ans les instruments se perfectionnent, ce qui aurait permis de belles avancées ».

Toujours pour poursuivre le même objectif : déterminer quelle est la composition chimique de ces corps célestes. « À l’ULg, nous nous y intéressons parce que ce sont des fossiles du système solaire », résume-t-il. Des millions de comètes ont été formées dans la région comprise entre Jupiter et Saturne il y a 4,6 milliards d’années, avant d’être « éjectées », au cours d’un gigantesque billard cosmique, aux quatre coins du système solaire. Ces comètes forment aujourd’hui le « nuage d’Oort », un gigantesque réservoir de comètes situé à la limite du milieu interstellaire. Certains noyaux ont quitté leur orbite lointaine sous l’action d’une perturbation gravitationnelle causée par exemple par le passage d’une étoile proche, et plongent vers le soleil. Congelés depuis des milliards d’années, ces noyaux de comètes renferment des poussières, des glaces et des molécules datant de la constitution du système solaire. De véritables pépites pour les astronomes liégeois et leur quête des origines.

Si cette glace est constituée à 80% d’eau, elle recèle aussi une multitude d’éléments bien plus rares, présents à moins de 1%. Infinitésimaux en terme de quantité, infiniment importants aux yeux des chercheurs. « Il y a par exemple des isotopes rares, des molécules organiques complexes, que l’on ne retrouve plus aujourd’hui parce que la Terre et les planètes ont subi de grandes transformations depuis 4,6 milliards d’années ! Tels des archéologues, nous essayons d’étudier les comètes comme des astres fossiles pour en apprendre davantage sur les premières phases d’évolution du système solaire. »  

D’où tous ces espoirs placés sur Ison. Si elle avait effectivement fait partie des « grandes », elle aurait dégazé en abondance. Et même les éléments traces auraient été présents en assez grande quantité pour être détectés grâce aux télescopes et leurs instruments capables d’isoler la signature de chaque molécule.

Une grande, malgré tout

Cette fameuse comète n’est cependant pas dénuée d’intérêt. « On va pouvoir explorer de nouvelles pistes grâce à l’énorme quantité de données récoltées par de très nombreux observatoires sur Terre et dans l’espace, se réjouit Emmanuël Jehin. Avec les données TRAPPIST on  va par exemple pouvoir réaliser des rapports d’abondance, voir quel type de matière est éjectée pendant les outbursts, comment cela varie au cours du temps, comment évolue la composition chimique… Bref, grâce à cela, on va pouvoir mieux comprendre les comètes en général. Les astronomes vont confronter leurs observations et faire ainsi avancer la recherche. C’est pour cela que j’estime qu’Ison pourrait quand même d’ici quelques temps être considérée finalement comme une grande comète. »
    
Grâce aux images récoltées par TRAPPIST tout au long de son orbite, l’équipe de l’ULg a à sa disposition de précieuses données pour apporter sa pierre à l’édifice, particulièrement en matière d’analyse des petites molécules présentes dans l’atmosphère de la comète. Soit les radicaux OH, CN, C2, NH ou encore C3, des molécules dites « filles » elles-mêmes issues des molécules « mères » (plus grosses et éjectées directement du noyau) qui se sont « cassées » sous l’action du rayonnement ultraviolet du soleil. De quoi permettre de mieux comprendre les processus qui se passent dans la coma, la chevelure des comètes.

TRAPPIST Chili

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