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L’arpenteur de la Voie Lactée 
20/02/2014

Record de sensibilité dans l’espace

L’astrométrie spatiale est bel et bien une spécialité européenne, reconnue mondialement. Elle a pris son essor sous l’impulsion de l’astrophysicien français Pierre Lacroute (1906-1993) qui a réussi à convaincre l’ESA de l’intérêt de développer le satellite Hipparcos pour mesurer la position et le mouvement des étoiles. Celui-ci fut réalisé par Astrium et son instrumentation fut, déjà, testée au CSL. Gaia a suivi le même parcours pour son développement. Après Hipparcos qui fut utilisé en 1990-1993, une nouvelle étape est franchie avec Gaia qui observera de façon plus fine que son prédécesseur.

Son télescope double en carbure de silicium est le plus sensible (*) réalisé à ce jour avec 106 détecteurs CCD pour générer un milliard de pixels. Non seulement Gaia va observer un milliard d’étoiles de la Voie Lactée, jusqu’à la magnitude 20 (soit 1 % du contenu de notre galaxie) avec une haute précision (1000 fois meilleure que Hipparcos, son prédécesseur des années 80). Par ailleurs, il va répéter ses mesures entre 60 et 150 fois durant les cinq années de  fonctionnement, ce qui va permettre de réaliser une carte 3D de la voûte céleste. Il doit également observer un demi-million de quasars et mettre en évidence 15.000 exoplanètes…

Une fois que son fonctionnement aura été validé par l’ESOC (European Space Operations Centre) de Darmstadt, l’observatoire européen d’astrométrie sera transféré à la communauté des astronomes et astrophysiciens. Décidé dans le cadre du programme scientifique Horizon 2000+ (6ème pierre angulaire) de l’ESA, Gaia est le fruit d’un investissement qui s’élève à près d’1 milliard € (lancement et mise à poste compris, ainsi que cinq années d’opérations). Il faut ajouter le traitement des données pour quelque 300 millions. Environ 400 chercheurs sont regroupés dans le DPAC (Data Processing & Analysis Consortium). Depuis 2007, ils ont été mobilisés pour la mise au point des logiciels de traitement des données Gaia qui se chiffreront en centaines de téraoctets ! Dans ce consortium, la Belgique occupe le 7ème rang (sur 18) : 45 personnes, avec, notamment,  le soutien de Belspo et du FNRS, consacrent du temps à cette mission Gaia.

Double implication d’AGO

L’observatoire Gaia ne fournira aucune image mais donnera des indications inédites sur la distance des étoiles, ce qui permettra de convertir leur éclat apparent en luminosité intrinsèque. Un premier catalogue d’observations est attendu pour le début de la prochaine décennie. AAssemblage detecteurs CCDu sein du DPAC, plusieurs chercheurs de l’Université de Liège ont un rôle primordial dans le traitement des mesures de Gaia. L’important est de faire parler les données qui sont reçues dans trois canaux spécifiques : le canal astrométrique qui fournit la position des étoiles et donc leur distance, le canal photométrique qui donne accès aux couleurs des étoiles pour en définir les caractères, le canal spectroscopique qui concerne les étoiles les plus brillantes afin d’en mesurer la vitesse radiale. Dans le Département AGO de l’Université de Liège, des membres de deux Unités de recherche se trouvent en première ligne pour la valorisation des observations de Gaia.

(*) L'acuité visuelle de Gaia est de l’ordre du diamètre angulaire d’une pièce de deux euros placée sur la Lune et observée depuis la Terre.

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