Quelles villes sont les plus attractives ? Combien les ménages dépensent-ils par an ? Quels centres connaissent les taux de cellules vides les plus importants ? Comment se répartissent les supermarchés sur le territoire ? Combien de points de vente sont répertoriés ? « L’Atlas du commerce en Wallonie », réalisé par les chercheurs du SEGEFA (service d’étude en géographie économique de l’Université de Liège), répond à ces questions et à bien d’autres encore. Un outil destiné à tous les acteurs impliqués dans le secteur commercial, afin qu’à l’avenir les décisions soient prises en bonne intelligence.
Qui a dit que le boulot des chercheurs universitaires s’apparentait à du travail de bureau ? Pendant plusieurs semaines, tous les deux ans, les chercheurs du SEGEFA (service d’étude en géographie économique de l’université de Liège) arpentent l’ensemble des rues commerçantes de Wallonie, de Charleroi à Liège en passant par Athus et Wavre. Pas pour réaliser quelques emplettes, mais pour recenser, une à une, les surfaces commerciales présentes sur le territoire, qu’elles soient vides ou en activité.
Un travail de fourmi, qui a conduit en 2012 à ce décompte : 31.925 points de vente ont été répertoriés. Soit un total de 6.138.000 mètres carrés de surface de vente nette. Pas mal, pour une région de 16.844 kilomètres carrés. Trop ? Une chose semble certaine : les espaces dédiés à une activité de vente ne cessent d’augmenter. Entre les relevés de 2010 et ceux de 2012, près de 200.000 mètres carrés de surfaces commerciales supplémentaires ont été constatés, soit l’équivalent de 3,2% de l’offre totale. Ce qui correspond – comparaison sans doute plus parlante – à l’offre d’une commune comme Tournai… Encore plus interpellant : 10% de ces nouveaux espaces n’étaient pas occupés au moment du passage des chercheurs. La raison ? Certains des projets les plus récents ne seraient pas adaptés à la demande commerciale. Peu accessibles, peu visibles, mal situés… De quoi rebuter les occupants ! Certes, des points de vente disparaissent eux aussi de la carte, (re)devenant des logements ou des bureaux. Mais le solde entre nouveaux arrivés et disparus reste positif en termes de mètres carrés.
Au total, entre 2010 et 2012 toujours, pas moins de 16% des points de vente ont subi une transformation. Une moyenne plus élevée que le turn-over habituellement constaté en Wallonie, qui oscille en général entre 5 et 10%. Bref, le visage du commerce se modifie sans cesse. Pour mieux en saisir les traits, le SEGEFA vient de publier aux Presses universitaires de Liège un « Atlas du commerce en Wallonie » (1).
Un budget de plus de 5.000 euros par an
Un ouvrage regorgeant de planches et d’informations chiffrées, qui se base sur des données récoltées lors de l’élaboration de deux bases de données pour le compte du gouvernement wallon et du cabinet de Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Économie. La première, baptisée MOVE, est une étude téléphonique menée en 2011 sur un échantillon de 1% des ménages wallons. Plus de 16.000 coups de fil tout de même (!), qui ont permis d’identifier les comportements d’achat des consommateurs du sud du pays. Où se rendent-ils, à quelle fréquence, pour quelles dépenses… Verdict : chacun consacrerait en moyenne une somme de 5.038 euros par an à l’achat de marchandises courantes (essentiellement l’alimentation), semi-courantes légères (équipements de la personne, loisirs, sports) et semi-courantes lourdes (bricolage, équipements de la maison, électroménagers).
(1) Guénaël Devillet, Mathieu Jaspard, Juan Vazquez Parras, Atlas du commerce en Wallonie. Structure, Dynamiques, Comportements spatiaux des consommateurs, Liège, Presses universitaires de Liège, février 2014.