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Le visage du commerce wallon
17/02/2014

Objectif : attractivité

Parallèlement, les centres-villes devront relever le défi de retrouver leur attractivité. Car les données de MOVE, couplées à celle d’une enquête similaire réalisée en 1995 par l’ULg (déjà le SEGEFA) et la KUL, démontrent que toutes les grandes polarités et leurs proches périphéries ont perdu de leur attrait aux yeux des clients en une quinzaine d’années, au profit des communes plus éloignées dans l’agglomération et de complexes plus récents. À l’exception de Mons, qui tire son épingle du jeu grâce à l’implantation d’un hypermarché sur le site des Grands Prés, et de Louvain-la-Neuve, qui s’est offert une place de choix sur la carte du commerce grâce à son Esplanade. Charleroi et Liège, par contre, paient le plus lourd tribut, même si la Cité ardente reste le nodule (un nodule est une concentration de points de vente) qui rayonne le plus en Wallonie et qui propose l’offre commerciale globale la plus importante (1.750 cellules). C’est logiquement aussi l’endroit où les Wallons dépensent le plus d’argent pour des biens de consommation, soit environ 1,3 milliard d’euros par an. Mais la ville est aussi celle qui est entourée par le plus de concurrents périphériques (Fléron, Jemeppe, Barchon, Basse-Campagne, Alleur…) et de shopping centers (Belle-Île, Médiacité, Cora). Soit un total de 37 nodules.

Un étalement commercial disparate. Tout le contraire de Namur, souvent citée comme l’élève modèle de la classe wallonne avec ses 7 nodules complémentaires. Son pôle principal, le centre-ville, concentre l’offre en matière d’équipement semi-courant léger et n’entre pas en concurrence avec la périphérie, qui propose d’autres types de biens et où aucun shopping center n’a reçu l’autorisation de s’implanter. Ceci explique peut-être cela : aucun nodule namurois ne présente un taux de cellules vides supérieur à 15%, contrairement aux autres villes wallonnes…

Cellules vides
Le défi de l’attractivité à retrouver sera d’autant plus périlleux à relever qu’il vient s’ajouter à d’autres challenges. Comme celui de contrer l’évasion du pouvoir d’achat vers d’autres pays/régions. Les chercheurs du SEGEFA ont estimé que celle-ci s’élevait à plus de 8% des dépenses annuelles des consommateurs, avec des pics plus élevés dans certaines communes comme celles situées dans le Hainaut, dans les provinces de Liège et de Luxembourg où ce taux dépasse les 20%. 

L’e-commerce participe également à cette fuite des capitaux. L’enquête MOVE avait établi que 1,6% des dépenses annuelles wallonnes étaient effectuées sur la Toile, en particulier pour les achats semi-courants légers. « Mais ce pourcentage est en augmentation continuelle, observe Guénaël Devillet. Cela offre un potentiel nouveau, mais aussi des risques d’évasion qu’il faudrait tenter de récupérer. Plus l’e-commerce se développera, plus il mangera des mètres carrés commerciaux ». La question de la gestion des friches par la collectivité reviendra probablement encore davantage sur la devant de la scène.

« L’émergence des circuits courts dans le commerce alimentaire, alors que la population est déjà très bien desservie en supermarchés, est un nouvel élément que les grandes enseignes vont devoir intégrer », complète le directeur du SEGEFA. Sans oublier l’enjeu de la mobilité : comment gérer à la fois la saturation de certains nodules et leur tendance à la dispersion avec le développement durable ? Le tome 2 de l’Atlas du commerce, s’il est édité un jour, pourrait à l’avenir révéler quelques évolutions majeures…

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