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Le visage du commerce wallon
17/02/2014

La seconde base de données se nomme quant à elle LOGIC répertoriant ces quelque 32.000 points de vente, dont 87% sont actuellement actifs, les 13% restants étant vides.  Un site web avait été mis en place pour aider les communes à identifier l’offre sur leur territoire et ainsi faciliter leur travail d’évaluation des demandes de construction de nouveaux complexes. Depuis la directive-services sur les implantations commerciales (mieux connue sous l’appellation « directive Bolkestein », du nom de cet ancien commissaire européen à l’origine de cette réforme), les pouvoirs locaux sont effectivement les seuls maîtres à bord en matière de délivrance de permis pour les implantations commerciales.

Une hégémonie qui a parfois posé question et qui s’est à l’occasion retrouvée en porte-à-faux avec le pouvoir régional, décidant de « casser » l’autorisation précédemment accordée. La polémique autour du complexe Citta Verde à Farciennes (84.500 mètres carrés de surface commerciale), non loin de Charleroi, avait fait couler beaucoup d’encre en 2010 lorsque la Région avait recalé le projet, malgré l’avis positif du Collège communal un an auparavant. Idem à Soumagne avec le Central Piazza et ses 20.000 mètres carrés, que d’aucuns prédisent qu’il porterait un coup funeste aux activités commerciales de Fléron et Verviers. Le « non » du ministre wallon de l’Aménagement du territoire, Philippe Henry, est à l’heure actuelle toujours contesté par le promoteur devant le Conseil d’État.

Effet l’Oréal

Il ne faudrait toutefois point jeter la pierre aux bourgmestres laissant les portes communales grandes ouvertes aux porteurs de projets. Mus par de bonnes intentions comme la création d’emplois au sein de leur entité ou atteint du « syndrome l’Oréal », comme on le surnomme au SEGEFA (Parce qu’ils le valent bien), ils autorisent des constructions de nouveaux complexes en ignorant parfois (ou en feignant d’ignorer) que ceux-ci risquent de déforcer les centres existants, entraînant une flopée de cellules vides et le transfert d’un emploi qui existait déjà ailleurs.

C’est précisément pour éviter les erreurs de jugement que LOGIC avait été créé. Et c’est pour la même raison que l’Atlas a été édité et qu’il sera distribué à de nombreux destinataires, dont les pouvoirs locaux.

LOGIC points de vente

Peut-être permettra-t-il à l’avenir d’empêcher des situations malheureuses comme celle rencontrée aujourd’hui à Huy. Seizième commune wallonne en termes d’offre commerciale globale, la ville fait depuis peu partie des 23 nodules du sud du pays présentant un taux alarmant de cellules vides supérieur à 20%, comme Charleroi, Fleurus, Seraing-bas, Quaregnon, Athus ou encore Herve. Il fut pourtant un temps où les bords de Meuse hutois se portaient plutôt bien. Jusqu’à la construction, quelques kilomètres plus loin dans le village de Ben-Ahin, d’un « Shopping Mosan » d’une trentaine de magasins.

Conséquence : les enseignes ont déserté le centre-ville. Tant et si bien que même les clients d’une grande banque n’y trouvent même plus un distributeur et que les surfaces laissées vacantes ne trouvent plus preneurs, en particulier dans les rues adjacentes aux axes principaux. « Cet exemple est typique de l’effet néfaste qu’un retail park mal calibré peut avoir, souligne Guénaël Devillet, directeur du SEGEFA. Le commerce est une fonction induite et vivante, où l’on constatera toujours des changements et des innovations. Mais il faut pouvoir orienter les investissements pour que chacun y trouve son compte. »

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