Maladies mentales : sur les traces d'un lointain passé
Les jeunes femmes anorexiques ne mangent presque rien, sont hyperactives et très résistantes à la fatigue et aux infections - du moins dans un premier temps -, cachent de la nourriture, se soucient de l'alimentation des autres, s'occupent des enfants et rêvent souvent de devenir institutrices, puéricultrices, sages-femmes, infirmières... Or, des comportements absolument similaires ont été décrits chez les femelles primates lorsqu'elles s'intéressent au nouveau-né de leur mère ou de leur sœur. Elles mangent très peu, cherchent de la nourriture - tâche normalement dévolue aux mâles -, n'ont pas de descendance - les anorexiques, rappelons-le, sont en général biologiquement incapables de procréer (aménorrhée) -, sont hyperactives, s'occupent des jeunes de leur mère ou de leur sœur, etc. Dans les sociétés de primates, de tels comportements sont tout à fait adaptés à l'échelle du groupe en raison des risques de disette. L'avantage territorialDans son autre modèle emblématique, Albert Demaret part d'une analogie entre le comportement des patients maniaco-dépressifs et celui des animaux territoriaux. Lorsqu'ils sont sur leur territoire, ces derniers déploient des comportements de séduction face aux femelles, sont agressifs, se mesurent avec succès à des congénères parfois beaucoup plus grands qu'eux, se parent éventuellement de couleurs vives sur certaines parties du corps. Par contre, quand ils franchissent le Rubicon, ils adoptent un profil bas, subissent les événements. Pour Albert Demaret, un patient maniaco-dépressif en phase maniaque se comporte comme s'il vivait la possession d'un territoire imaginaire, comme s'il était partout chez lui - il est hyperactif, exalté, séduit les femmes, est prompt à déclencher une bagarre... En revanche, quand il bascule dans une dépression profonde, il est passif, se juge sans valeur et sans intérêt, courbe l'échine comme les animaux territoriaux en dehors de leur territoire. |
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