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Prévenir les inondations de la Meuse en Wallonie
20/01/2014

« En réalité, il existe déjà une cartographie des zones inondables en Région wallonne, explique Michel Pirotton, professeur ordinaire en hydraulique à l’unité HECE. Nous avons prolongé la méthodologie pour des récurrences plus fortes. Il y a différentes étapes de calculs et de modélisations hydrauliques pour déterminer la vulnérabilité d’une zone inondable. Pour les zones à proximité du fleuve, nous avons utilisé un modèle hydraulique dont les mailles étaient de cinq mètres sur cinq. Il s’agissait de simulations d’écoulement sur des maquettes numériques de villes où l’on simulait un débordement de la Meuse. Tous les cinq mètres, nous obtenions une valeur de hauteur de l’eau, de vitesse d’écoulement dans chaque direction et puis, en croisant le modèle avec d’autres données, des dommages infligés. » Ces mesures ont également été utiles pour étudier les zones non développées et considérées comme bâtissables par les autorités.

Établir une cartographie précise de la vulnérabilité des zones aux inondations était primordial pour envisager une meilleure gestion des barrages, mais surtout, pour évaluer la pertinence de mesures politiques plus restrictives en ce qui concerne les constructions dans les zones inondables. Des mesures qui doivent composer avec une croissance importante de l’urbanisation, puisqu’à l’horizon de 2100, la Wallonie comptera 700 000 logements en plus, sans considérer les futurs zonings industriels, les nouvelles écoles, les commerces, les réseaux routiers et ferroviaires… Avec une telle croissance, si l’on suit la tendance actuelle, l’ensemble des espaces prévus par le plan de secteur, zones à haut risque comprises, devrait être occupé à la fin du siècle. Face à ce constat, deux possibilités peuvent être prises en compte. Trouver de nouvelles zones bâtissables, ou, plus envisageable, densifier les milieux urbains.

Neuf scénarios urbanistiques possibles

Noyaux habitatL’urbanisation ne se fait pas sauvagement. Elle suit certaines tendances, comme la sensibilisation à l’écologie, l’évolution économique, le coût des terrains à bâtir, ou la concentration des grands pôles d’emploi. Sur base de la récente connaissance du degré de risque des zones inondables mêlée à ces questions socioéconomiques, les chercheurs ont développé neuf scénarios d’urbanisation possibles et ont calculé pour chacun d’eux une estimation des dégâts dus aux débordements de la Meuse.

L’urbanisme pourrait évoluer de trois manières. Premièrement, cette évolution pourrait se faire dans la continuité de la tendance actuelle, en suivant le plan de secteur prévu par le gouvernement wallon dans les années 1980 pour organiser l’urbanisation de la région. « Mais à l’époque, on se tracassait peu de problématiques comme les embouteillages, les transports, les réseaux d’égouttage, nuance Arnaud Beckers. Le plan d’urbanisation a été organisé en forme de réseau très étendu entre les zones d’habitats existantes, et a fourni beaucoup d’espaces disponibles pour l’urbanisation future. Aujourd’hui, l’urbanisation est très étendue et pourrait être défavorable en termes de vulnérabilité des zones aux inondations. »

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