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Prévenir les inondations de la Meuse en Wallonie
20/01/2014

Auparavant, chaque région, chaque institut climatique ou météorologique allait de son analyse, qui différait souvent d’une frontière à l’autre, voire d’une équipe à l’autre. Dans le cas présent, la volonté du projet visait avant tout l’harmonisation des hypothèses, en tenant compte d’un maximum de facteurs possibles. Les prédictions ont donc été abordées sous un angle hydrologique, et puis hydraulique, avant de migrer vers l’évaluation des dommages économiques en intégrant les aspects urbanistiques. Elles ont finalement permis de proposer une meilleure gestion de l’impact des effets pressentis de l’évolution climatique sur la Meuse. 

Modèle climatique entre deux extrêmes

La prévision de l’évolution des inondations de la Meuse a été divisée en deux grands scénarios climatiques. Le scénario « sec », le plus optimiste, qui est similaire aux conditions actuelles, et le scénario « humide », pessimiste, qui prévoit une augmentation de 30% du débit de crue centennale. La réalité sera certainement comprise entre les deux, mais il est difficile d’être plus précis avec les moyens actuels.

« 2100, c’est un horizon très lointain, relate Arnaud Beckers, à présent doctorant en géographie et premier auteur de la publication. Nous sommes obligés d’établir plusieurs scénarios qui délimitent des futurs possibles et d’observer ce que chacun d’eux implique. » « Une autre difficulté, reprend Benjamin Dewals, est que le scénario qui va se produire ne dépend pas seulement des processus physiques liés au climat. Les décisions politiques et les évolutions économiques et sociales ont également une influence. Et ce sont des inconnues. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre conscience de l’étendue des possibles, et de travailler en gardant cela à l’esprit. En fonction de ce que l’on établit, on va pouvoir développer des mesures d’adaptation, de gestion ou de protection qui seront capables de fonctionner non pas de manière optimale pour un scénario, mais de manière satisfaisante pour toute la gamme des possibles. »

Il est également important de préciser que les deux extrêmes climatologiques n’ont pas été pensés au hasard. « Par exemple, développe Pierre Archambeau, ingénieur de recherche à l’unité d’HECE, l’hypothèse la plus optimiste de la non modification du climat a été formulée après toute une série de calculs précis issus d’une chaîne de modélisations prenant en compte l’émission de gaz à effet de serre, des décisions politiques, des modèles climatiques à grande échelle comme l’évolution de l’atmosphère, de la température, des précipitations. Ces résultats ont ensuite été intégrés dans un modèle hydrologique plus précis, qui a permis de calculer l’évolution de l’écoulement de l’eau sur le bassin versant de la Meuse. Ce n’est pas une hypothèse que l’on pouvait anticiper dès le départ. C’est un résultat en soi. »

En estimant l’évolution des inondations, et en développant en parallèle un modèle de développement d’urbanisation, il devenait possible de développer un autre modèle permettant de prédire les dommages économiques de ces futures catastrophes naturelles.    

Noyaux habitats

Quelle vulnérabilité pour les zones inondables ?

L’une des originalités de la recherche est donc l’intégration de la question urbanistique en plus des considérations climatologiques. « Nous nous sommes rendus compte, explique Benjamin Dewals, que des recherches précédentes étudiaient l’évolution du climat, mais elles n’accordaient pas une importance comparable à d’autres facteurs importants, comme l’évolution de l’urbanisation. Pourtant, ce facteur est primordial. Une urbanisation au niveau du bassin versant, par exemple, modifie la dynamique d’écoulement de l’eau. En fonction de son évolution, l’eau de pluie va s’infiltrer dans le sol ou ruisseler plus ou moins rapidement vers les rivières, et à terme modifier les débits des crues, leur intensité. » C’est un premier aspect de l’urbanisation, qui ne nécessite pas des modèles d’une haute précision. Mais ce n’est pas celui qui a été couvert dans cette publication. L’objectif était davantage d’observer ce qui se passait en termes de dommage en restreignant l’accès aux zones inondables. Il fallait pour cela mettre au point des modèles permettant de travailler à très petite échelle, afin de reproduire des logements, des routes ou des murs de protection.

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